La Prague Pride repeint la capitale tchèque aux couleurs de l’arc-en-ciel
Ce lundi débute la 5e édition de la Prague Pride, le festival des communautés LGBT. Plus d’une centaine de manifestations en tous genres sont prévues tout au long de cette semaine, dont l’un des événements les plus attendus de ce festival, la Marche des fiertés, prévue samedi dans les rues de la capitale tchèque.
D’ailleurs, l’un des objectifs de la Prague Pride 2015 est de rappeler que dans de nombreux pays, les minorités sexuelles font encore l’objet de brimades, voire de persécutions. A charge pour les mouvements tels que la Prague Pride de rendre celles-ci plus visibles dans chaque pays, afin d’encourager à plus de tolérance. Kateřina Saparová est la directrice de la manifestation pragoise :
« Les Pride plus à l’est de la République tchèque sont plus activistes, plus militantes. Elles tournent autour des droits de l’Homme, et leur raison d’être est de gagner le droit de traverser la ville où elles se déroulent. Au contraire, à l’ouest de la République tchèque, les Pride sont plus une célébration du fait que les gays et les lesbiennes n’ont plus à se cacher et chaque année, ils ont un événement qui leur appartient en propre. »
En effet, plus à l’est, le climat est délétère pour les communautés LGBT, comme en témoigne l’adoption de lois homophobes en Russie en 2014. En pays tchèques, si l’homosexualité a été décriminalisée en 1961, donc sous le régime communiste, il a fallu attendre la révolution de velours et les années 1990 pour une lente et timide reconnaissance des communautés LGBT. Quelle est la situation de ces dernières aujourd’hui ? Jan Seidl est historien et spécialiste de ces questions, esquisse une réponse :« En ce qui concerne la situation légale, on peut, depuis plusieurs années, conclure un pacte civil en République tchèque. Je ne sais pas si la société en général se montre positive vis-à-vis de la communauté homosexuelle ou bien plutôt indifférente. Certains collègues disent que c’est plus de l’indifférence de la part de la société majoritaire, qu’une attitude bienveillante de façon explicite. »
De nombreux événements sont organisés pendant toute la semaine, dans le cadre de la Prague Pride 2015. Deux rencontres ont dû être toutefois déplacées en raison du refus de l’archevêque de Prague Dominik Duka qu’elles se déroulent comme prévu à l’origine dans la paroisse étudiante Saint-Sauveur. Stanislav Kostiha, de l’association Logos qui rassemble les chrétiens homosexuels et œuvre pour leur acceptation au sein de l’Eglise catholique :
« C’est la toute première fois que nous avons collaboré avec une institution de l’Eglise catholique. La paroisse étudiante Saint-Sauveur a bien voulu nous aider et nous prêter leurs locaux. Nous ne nous attendions pas à ce que l’archevêque Dominik Duka interdise ces événements, mais c’est tout-à-fait son droit de le faire. »
Outre Conchita Wurst, de nombreux invités sont invités à témoigner dans le cadre de la Prague Pride, comme par exemple l’Islandaise Johanna Sigurdardottir, souvent présentée comme la « première chef de gouvernement lesbienne au monde », et sa femme, l’écrivaine Jonina Leosdottir, qui seront mercredi soir à l’Institut français de Prague.
Autre invité du festival, Adbu Rawashdi, un des héros du film documentaire de l’Israélien Yariv Moser, « The Invisible Men », qui s’intéresse au destin souvent tragique de Palestiniens homosexuels, forcés de se réfugier en Israël pour fuir les persécutions de leurs familles, mais se retrouvant à nouveau en porte-à-faux en Israël, cette fois en raison de leur origine palestinienne. Certains d’entre eux vivent dans l’illégalité en Israël et dans la crainte d’être renvoyés dans les Territoires occupés, d’autres choisissent l’exil et fuient ces terres où ils vivent comme des parias. Le film sera projeté jeudi à 20h, au théâtre Švandovo Divadlo, en présence du réalisateur et d’Abdu Rawashdi.Le festival Prague Pride culminera samedi, avec la traditionnelle Marche des fiertés qui traversera la capitale tchèque en brandissant bien haut les couleurs arc-en-ciel, symboles de la tolérance vis-à-vis des communautés LGBT.