Presse : La société tchèque en manque d’aspirations « vertes »

Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord à la manière dont les Tchèques envisagent la politique « verte ». Autres sujets traités : la commercialisation du festival Prague Pride, la plainte en justice contre une campagne électorale raciste, les avertissements suite aux émeutes au Royaume-Uni ou encore le phénomène Kateřina Siniaková.

« La société tchèque n’est pas verte » estime un chroniqueur du site Aktualne.cz. Et ce, bien que la Tchéquie soit, elle aussi, en proie à des vagues de chaleur qui touchent notamment les habitants des grandes villes :

« Nous sommes les témoins d’orages sans précédent et de pluies torrentielles. Personne ne peut négliger et ne pas ressentir de lui-même le changement climatique. Par ailleurs, la Tchéquie recense désormais près de 400 décès par an liés aux températures élevées, pendant que les services d’urgence enregistrent plus de 20 000 appels par an à cause de la chaleur. »

Pourtant, d’après l’auteur, pas plus les médias que les politiques tchèques ne semblent être particulièrement préoccupés par cette évolution pourtant indéniable :

« Certes, le gouvernement possède une stratégie d’adaptation au changement climatique, mais ce n’est pas sa principale préoccupation. Après les élections européennes, nous avons entendu dire que le Green Deal avait perdu, que la pensée verte était ‘exagérée’ et qu’il fallait la freiner pour que l’économie n’en souffre pas trop. Les Tchèques ne poussent pas les hommes politiques à prendre des mesures radicales pour essayer de ralentir le réchauffement. Notre société est tout sauf ‘verte’. Tout le monde ou presque prétend se soucier de la nature et de sa beauté, de craindre la sécheresse, mais cela s’arrête là. Bien sûr, des choses sont faites. Mais l’idée que nous puissions réduire de moitié la production de dioxyde de carbone d’ici 2030 apparaît chez nous complètement illusoire. »

Prague Pride à l’heure de la commercialisation

« La commercialisation du festival Prague Pride exclut une partie de la population. » Tel est le constat que l’on peut lire sur le site du journal en ligne Deník Referendum en lien avec la tenue, cette semaine dans la capitale tchèque, de la 13e édition du festival qui célèbre toutes les identités LGBTQ+ et la lutte pour l’égalité des droits. L’auteur développe son point de vue :

Prague Pride 2024 | Photo: Mietje Kuhnhardt,  Radio Prague Int.

« Le festival attire chaque année de plus en plus de monde et la palette de questions et de sujets abordés dans le cadre de son riche programme culturel s’élargit constamment. Cette croissance s’accompagne d’une commercialisation de plus en plus intense qui se traduit notamment par des coopérations avec différentes sociétés problématiques ou par l’élargissement du programme payant. Cela concerne tant les entrées aux soirées d’ouverture et de clôture que certaines parties du programme. Le festival est conçu de manière à ce que les participants dépensent le plus possible. »

La critique du journal est liée également à la collaboration de Prague Pride avec diverses multinationales. Ces dernières, qui nuisent pourtant souvent directement aux personnes queer, disposent d’une plateforme publicitaire en échange de leur soutien financier. « À la lumière de sa commercialisation croissante, la neutralité politique proclamée du festival n’est donc qu’illusoire », conclut la chroniqueuse de Deník Referendum.

Ne plus tolérer de campagne raciste et xénophobe

Estimant qu’il ne suffit pas de protester seulement sur les réseaux sociaux, Jiří Pospíšil, ancien ministre de la Justice, a décidé de porter plainte contre la campagne raciste et xénophobe menée par Tomio Okamura, le leader du parti d’extrême droite SPD, pour les élections régionales de cet automne. D’après le journal en ligne Forum24.cz, l’actuel conseiller culturel de Prague a clairement fait savoir que les manifestations de haine ethnique ne devaient plus être tolérées :

« Tomio Okamura a dépassé les limites du tolérable en tentant d’effrayer la population tchèque en affichant un ‘chirurgien’ sanglant noir de peau, un couteau à la main. Si, après de telles horeurs, il continue à bénéficier d’un espace d’expression dans les médias publics et si on continue à faire croire que son parti est un élément normal du pluralisme démocratique, notre société frôle la catastrophe. À partir du moment où le racisme devient normal dans la communication sociale et dans les campagnes politiques, c’est le fascisme qui s’établit. Mais il serait faux de croire qu’il s’agit d’un ‘bon petit fascisme à la tchèque’. Il convient de faire le parallèle avec la période communiste et de rappeler que nos ancêtres pensaient eux aussi qu’il ne s’agirait chez nous que d’une faible ramification du communisme russe. Pourtant, dans les années 1950, la Tchécoslovaquie a connu un communisme russe brutal. »

Et l’éditorialiste d’avertir que Tomio Okamura, avec « sa politique écœurante et perverse », sert le régime que Poutine a installé en Russie.

Les émeutes au Royaume-Uni comme un avertissement pour l’Europe

« L’extrême droite, soutenue par les médias sociaux, met à l’épreuve le nouveau gouvernement britannique. Et l’Europe regarde. » Tel était le titre d’un commentaire dans le quotidien Hospodářské noviny consacré aux émeutes qui secouent actuellement le Royaume-Uni. Son auteur en retient, entre autres, que « l’immigration reste un sujet très sensible pour les Européens » :

Des émeutes contre l'immigration à Middlesbrough,  Grande-Bretagne | Photo: Owen Humphreys,  ČTK/AP

« La situation au Royaume-Uni est un avertissement pour tous les politiques européens, y compris les représentants politiques tchèques, dont la position sur ce point manque d’acuité. N’oublions pas que l’immigration reste une question importante pour les électeurs et que rien n’a changé depuis la grande vague migratoire de 2015. Et, une fois de plus, il apparaît que la régulation des réseaux sociaux peut facilement devenir une question de sécurité nationale. Là encore, l’exemple britannique est un avertissement pour l’ensemble de l’Europe. »

« La manière dont le gouvernement britannique va gérer la situation servira sans aucun doute de modèle aux autres pays européens », estime encore l’auteur du quotidien économique. Avant d’ajouter : « Les milliers de personnes qui sont descendues dans la rue pour nettoyer les dégâts après les émeutes du week-end dernier sont un indice de ce que pense la majorité dite silencieuse. »

Le Phénomène Siniaková

« (La joueuse de tennis) Kateřina Siniaková est en train de devenir un phénomène mondial en double. Il est presque certain que quel que soit son partenaire, elle remporte le titre. Vendredi dernier, elle a confirmé ce constat en remportant avec Tomáš Macháč l’or en double mixte aux JO de Paris. » C’est du moins ce qu’estime le site Sport.cz, qui rappelle aussi :

Tomáš Macháč et Kateřina Siniaková | Photo: Ondřej Deml,  ČTK

« Cette année, Kateřina Siniaková a remporté Roland-Garros, Wimbledon et les Jeux olympiques. Dès le premier tour du tournoi olympique, elle avait un mollet bandé. Chaque fois qu’on lui demandait comment elle allait, sa réponse a été laconique : ‘ça va mieux, merci’. Lors de la finale du double mixte, elle tapotait et étirait son bras droit. Ce n’est pas étonnant, puisque pendant le tournoi, elle a eu à affronter successivement des joueurs comme Alexander Zverev, Felix Auger-Aliassime ou le Chinois Zhang Zhichen. Et elle a réussi.»

Le chroniqueur du site sportif estime que la joueuse de 28 ans a fait un pas important vers une entrée dans le Hall of Fame de la Fédération internationale de tennis, où figure déjà une autre joueuse tchèque, Helena Suková, qui a remporté 14 tournois du Grand Chelem en double durant sa carrièe. Kateřina Siniaková, elle, en a remporté neuf jusqu’à présent.