La présidente de la Géorgie soutenue à Prague mais critiquée à Tbilissi
Salomé Zourabichvili était à Prague ces lundi et mardi pour une visite lors de laquelle elle a notamment été reçue par son homologue tchèque Petr Pavel et les présidents des deux Chambres du parlement. La cheffe de l’État de la Géorgie s’est vue confirmer le soutien tchèque aux aspirations européennes de son pays, mais son déplacement a été critiqué par le parti au pouvoir à Tbilissi.
La présidente géorgienne a d’abord été accueillie lundi matin au Château de Prague par le chef de l’Etat. « Nous soutenons la voie de la Géorgie vers l'UE parce que des principes tels que le respect des règles, qui est au cœur de l'intégration européenne, sont importants pour nous. Nous devons soutenir tous les pays européens qui sont encore exclus de ce système et leur donner de l'espoir », a déclaré Petr Pavel. Selon le président tchèque, avec des pays comme la Géorgie, il est nécessaire de s'efforcer d'établir des relations à part entière dans le domaine de l'éducation ou des affaires. « Sinon, cet espace sera occupé par nos rivaux », a-t-il ajouté.
Selon le Château, en invitant la présidente, Petr Pavel a voulu exprimer son soutien à l'orientation européenne de la Géorgie avant la décision du Conseil européen en fin de semaine d'accorder ou non à ce pays le statut de candidat à l'adhésion.
« Je suis reconnaissante envers le président Pavel pour son soutien total et inébranlable alors que nous attendons une décision cruciale cette semaine sur le statut de candidature de la Géorgie » a indiqué sur le réseau X la présidente Zourabichvili, en soulignant que « cette première visite officielle historique d’un président géorgien en République tchèque témoigne du lien indéfectible entre nos nations ».
Les dirigeants de l'UE doivent discuter de l'état d'avancement des négociations d'adhésion avec l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie. La Géorgie a posé sa candidature à l'adhésion à l'UE l'année dernière. Bruxelles a fixé à Tbilissi douze conditions à remplir pour obtenir ce statut. Il s'agit notamment de réformes internes, de l'indépendance du pouvoir judiciaire et de la lutte contre la corruption.
« Aucune leçon tirée des événements de 2008 »
Salomé Zourabichvili a ensuite été reçue par la présidente de la Chambre des députés Markéta Pekarová Adamová, qui a rappelé que la Russie occupait une partie du territoire géorgien - l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud - depuis plus de quinze ans. « Notre réaction à l'époque, non pas en tant que Tchéquie, mais en tant que monde occidental, y compris l'Union européenne, n'a pas été assez forte. Au lieu de tirer les leçons des événements de 2008, nous avons encore échoué à tirer les leçons de l'annexion illégale de la Crimée en 2014 », a déclaré la présidente de la Chambre basse selon laquelle « nous récoltons déjà les fruits de ce manque de réaction vigoureuse sous la forme d'un conflit de près de deux ans dans une grande partie de l'Ukraine ».
Accueillie ensuite au Sénat par son président Miloš Vystrčil, la cheffe de l’État devait quitter Prague dans la soirée de mardi au terme d’une visite très critiquée dans les rangs du parti au pouvoir dans son pays, le parti « Rêve géorgien ». Selon Shalva Papuashvili, le chef du parlement de Tbilissi, cité par la télévision publique géorgienne, cette visite présidentielle à Prague est une « violation flagrante et ouverte non seulement de la Constitution, mais aussi de la décision de la Cour constitutionnelle » et il a déclaré que le déplacement de la présidente était un acte « d'hostilité à l'égard de l'État géorgien ».
Cette visite de la présidente en Tchéquie intervient quelques semaines seulement après l’échec d’une tentative de destitution initiée contre elle par le gouvernement. Ex-diplomate française née à Paris et élue présidente en 2018, Salomé Zourabichvili avait accusé le camp pro-russe de vouloir « tuer l’avenir européen de la Géorgie et la démocratie ».