La presse s’interroge sur les enjeux des élections législatives anticipées
La situation politique dans le pays, lequel traverse une période turbulente et se prépare à des élections législatives anticipées, signifie que les médias ne vivent pas, pour une fois en cette saison de vacances, une morte-saison. Nous avons tiré quelques extraits d’articles portant sur ce sujet. Les pages culturelles de la presse ont été consacrées pour leur part à la personnalité et à l’oeuvre du grand cinéaste tchèque, Jiří Krejčík, décédé récemment à l’âge de 95 ans.
« Il y aura certainement beaucoup de partis politiques qui se disputeront les faveurs des électeurs. Ceci dit, le principal enjeu de ces élections consistera à choisir entre deux courants, celui qui est pour le président Zeman et celui qui est contre. Autrement dit, entre un style autoritaire de gestion du pays et la démocratie parlementaire. »
Plus loin, l’éditorial remarque que de plus en plus nombreux sont les Tchèques qui déclarent bien vouloir renoncer à une partie de leurs libertés, s’ils reçoivent en contre-partie une garantie de certitudes sociales. Il en déduit :
« Il s’avère donc que lors des prochaines élections législatives anticipées il ne s’agira pas d’un conflit entre la gauche et la droite, mais de la question de savoir si la société tchèque veut poursuivre le chemin qu’elle avait entamé avec Václav Havel ou bien si elle veut emprunter un nouveau chemin qui est celui qui plaît à Miloš Zeman. »
Pourquoi le président Miloš Zeman attire-t-il un si grand nombre de sympathisants ? Un commentaire publié dans une des récentes éditions du quotidien Mladá fronta Dnes a cherché une réponse à cette question. D’abord, son auteur indique que la popularité de Zeman demeure toujours inchangée et que les événements dont nous sommes actuellement les témoins sont une réponse à l’activité de la représentation politique précédente, symbolisée par les noms de Petr Nečas et de Miroslav Kalousek. Il précise :
« Beaucoup de Tchèques sont convaincus que le Premier ministre Nečas et le ministre des Finances Kalousek sont les premiers responsables de la détérioration de leur situation et de leurs conditions de vie. L’image qu’offrent certaines villes avec un taux de chômage élevé ne peut que confirmer ces sentiments. » Plus loin, Michal Musil explique :
« L’économie tchèque a connu une longue récession, causée en partie par celle de la zone euro. On voit cependant que d’autres économies en Europe centrale, touchées elles aussi par le déclin de la zone euro, comme la Pologne ou la Slovaquie, n’ont pas connu une chute comparable. Le cabinet Nečas n’a pas réussi à adapter sa politique à cette crise. En plus, il a demandé aux gens des sacrifices, sans vouloir faire lui-même preuve de modération, sans parler des nombreux scandales qui l’entouraient. »
L’auteur de l’article estime qu’il n’est pas étonnant de voir que pour beaucoup de Tchèques, le cabinet démissionnaire de Jiří Rusnok est plus acceptable que le précédent gouvernement Nečas, tombé en juin 2013 après l’arrestation spectaculaire de sa proche collaboratrice et maîtresse Jana Nagyová. De ce fait, il faut que la représentation politique précédente fasse une auto-critique sérieuse et qu’elle admette ses erreurs.
Monsieur Principe Supérieur (Vyšší princip), le Réveil (Probuzení), la Morale de Madame Dubska (Morálka pani Dubské). Voilà quelques-uns des titres de films réalisés par l’un des plus grands réalisateurs tchèques, Jiří Krejčík, qui s’est éteint, il y a quelques jours, à l’âge de 95 ans. Le quotidien Lidové noviny a à cette occasion cité les paroles du réalisateur Jiří Menzel, oscarisé pour son film « Trains étroitement surveillés », qui a dit :
« C’était un cinéaste qui a joué un grand rôle dans ma vie. Un homme qui m’a beaucoup appris et auquel je suis très reconnaissant. »
Pour les critiques qui lui ont rendu ces jours-ci hommage dans les pages culturelles des journaux, Jiří Krejčík incarnait parfaitement les péripéties que le cinéma tchécoslovaque ou le cinéma tchèque a dû traverser au cours des cinquante années écoulées. Dans les années 1950, il était contraint à tourner des films dotés d’un côté tendancieux, dont il avait, selon ses propres paroles, honte. Précurseur en quelque sorte de la Nouvelle vague du cinéma tchécoslovaque, c’est dans les années 1960 qu’il a pu réaliser ses meilleurs films, dont notamment Monsieur Principe Supérieur qui a d’ailleurs permis au festival du film de Locarno, à l’un de ses protagonistes, Jana Brejchová, de remporter le Prix du meilleur rôle féminin. La situation s’est dramatisée pour lui sous la période dite de normalisation. Lidové noviny explique :
« Dans les années 1970, Jiří Krejčík ne pouvait travailler, à quelques exceptions près, que pour la télévision. Une activité à laquelle il s’est consacré pratiquement jusqu’à la fin de ses jours. Ses deux derniers longs métrages en date, dont notamment Ema la Divine, sur la célèbre chanteuse d’opéra Ema Destinn, remontent à la première moitié des annés 1980. »Tout au long de sa vie et jusqu’à sa fin, Jiří Krejčík est demeuré fidèle à sa réputation d’homme intransigeant, opiniâtre, jamais content, critique. Tels étaient aussi les documentaires qu’il a réalisés dans les années 1990. L’hebdomadaire Respekt a à son sujet remarqué :
« Jiří Krejčík était un des rares cinéastes à avoir fait dans sa vie très peu de compromis et à dire toujours ce qu’il pensait. Le régime communiste l’a pénalisé en lui interdisant, ne serait-ce que provisoirement, de travailler et en refusant beaucoup des sujets qu’il proposait. Durant toute sa vie, le cinéaste a dû faire preuve de beaucoup de persévérance pour pouvoir faire aboutir ses projets. »
En recevant en 1999 le Lion tchèque (analogie du César français) pour son apport artistique à la cinématographie tchèque, Jiří Krejčík a déclaré : « J’aurais aimé recevoir ce prix plutôt pour un nouveau film. »
« Le nombre de femmes qui dirigent en République tchèque les grandes firmes a tendance à augmenter. Le tout dans une situation où les cent firmes nationales les plus importantes ne comptent au sein de leurs managements que 8% des femmes. »
C’est ce que remarque dans son supplément économique une des récentes éditions du quotidien Mladá fronta Dnes qui donne à ce sujet quelques précisions :
« S’agissant des fonctions de management, c’est dans les secteurs de la santé publique, des télécommunications et des transports que les femmes sont le plus représentées, tandis que le secteur bancaire, le bâtiment ou l’énergétique demeurent traditionnellement réservés aux hommes. Toutefois, les femmes commencent tant bien que mal à monter, aussi, dans des domaines jusque-là presque exclusivement ‘masculins’. »
Le journal trouve étonnante l’absence des femmes dans les fonctions de management dans le secteur bancaire. Ce serait une preuve de la discrimination des femmes qui, tout en étant considérées comme de bonnes employées bancaires, ont rarement l’occasion d’obternir des promotions. En revanche, les femmes arrivent à s’imposer dans le management des petites et moyennes firmes, par exemple dans l’hôtellerie et dans les services.
Une autre édition du quotidien Mladá fronta Dnes s’est penchée sur les problèmes auxquels sont parfois confrontés au travail les homosexuels, en dépit du fait que la discrimination des minorités soit interdite. Dans ces pages nous avons pu lire :
« Un ‘coming out’ au travail n’est pas un phénomène courant en République tchèque, malgré l’ouverture et la tolérance revendiquées par les entreprises. La réalité est souvent différente, notamment dans les domaines traditionnels, comme la production, les finances ou l’administration publique. »