La Radio tchèque aurait voulu se souvenir, les anti-Babiš en ont voulu autrement
C’est à l’entrée du siège de la Radio tchèque que s’est tenue, ce mardi midi, et comme de tradition, la principale cérémonie en souvenir des tragiques événements qui sont survenus en Tchécoslovaquie les 20 et 21 août 1968. C’est en effet là, à l’intérieur des bâtiments de ce qui était alors encore la Radio tchécoslovaque et dans la rue Vinohradská, que les combats, notamment pour la poursuite de la retransmission des émissions, ont été les plus violents.
Même s’ils n’étaient sans doute pas majoritaires, ceux qui, dans l’assistance, auraient apprécié pouvoir écouter le discours long d’environ cinq minutes prononcé pour l’occasion par le chef d’une coalition gouvernementale qui doit son existence au soutien tacite du parti communiste, en ont été donc pour leurs frais. On n’a absolument rien entendu…
Ces quolibets n’ont toutefois pas empêché Andrej Babiš, resté impassible durant toute la durée des officialités malgré la proximité du public, d’affirmer que, selon lui, la liberté n’était plus menacée aujourd’hui en République tchèque.
« Chacun est libre de dire ce qu’il veut, de fonder un parti politique et de critiquer ce que bon lui semble », a-t-il expliqué avant de préciser que « la liberté et la démocratie reposent sur le principe de savoir reconnaître que quelqu’un a le droit d’avoir une autre opinion ou certaines préférences ». Une fois reparti, peut-être conscient que sa place était ailleurs ce mardi, le Premier ministre a jugé bon de publier un message sur son compte Twitter dans lequel il a invité ceux que cela intéresse à lire son discours…Ainsi donc, le directeur de la Radio tchèque aura été une des rares personnalités présentes à échapper aux huées. Et pour René Zavoral, l’essentiel était d’abord de rappeler le sort des victimes de 1968. « Elles n’ont pas sacrifié leur vie au nom de sombres idéaux communistes, mais pour la liberté de parole d’un peuple, a-t-il déclaré. Des gens sans aucune arme se sont opposés aux chars. Ils n’avaient le plus souvent que le drapeau de leur pays en mains ; un drapeau qui a ensuite servi à recouvrir les corps morts. »
Une résistance un peu oubliée ce mardi mais que rappelle néanmoins une nouvelle plaque commémorative apposée sur la façade de la Radio.