La République tchèque monte au front européen contre les produits alimentaires de mauvaise qualité

Photo: Archives de Radio Prague

Le ministre de l’agriculture Petr Bendl en a assez des scandales sanitaires concernant des produits alimentaires de mauvaise qualité en République tchèque. Epaulé par son homologue slovaque Ľubomír Jahnátek, il entend bien faire entendre sa cause à Bruxelles. La guerre est déclarée.

Photo: Archives de Radio Prague
D’après l’inspection tchèque des magasins, 80% des supermarchés tchèques mentent d’une manière ou d’une autre à leurs clients sur leurs produits. Une situation intolérable pour Petr Bendl et Ľubomír Jahnátek, échauffés par le scandale de l’alcool frelaté de l’automne dernier et celui de la fausse viande de boeuf. Les deux ministres se sont rencontrés le week-end dernier et entendent faire cause commune auprès de l’Union européenne. L’établissement d’un nouveau système de contrôle sur les produits alimentaires circulant en Europe est nécessaire, comme l’a affirmé Petr Bendl lors de la conférence de presse qui a suivi cette rencontre.

« Nous sommes maintenant dans l’espace européen et nos frontières ont été très rapidement effacées. Nous sommes touchés par des problèmes semblables à ceux que rencontrent nos amis slovaques. Il est nécesaire de se doter d’un système qui serre la vis, dans l’idée que les produits de mauvaise qualité se retrouvent dans moins d’endroits et qu’au fur et à mesure nous parvenions, ensemble, à les chasser. »

Petr Bendl,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Il existe déjà un système d’information sur les produits de mauvaise qualité en République tchèque. Le site internet potravinynapranyri.cz, « produits alimentaires au pilori », recense les produits pour lesquels des problèmes ont été détectés et les classe entre « mauvaise qualité », « informations fausses » et « dangereux ». On peut par exemple retrouver sur ce site les alcools mis en cause dans le scandale de l’alcool coupé au méthanol et leurs lieux de vente. Il s’agit maintenant pour les ministres tchèques et slovaques d’étendre ce système au niveau européen, comme l’a expliqué Petr Bendl.

« Nous essayons et nous continuerons d’essayer de mettre en place au niveau européen un portail où il serait possible pour les organes de surveillance de voir ce qui se passe sur le marché alimentaire de tous les pays, pour que les informations concernant des produits alimentaires dangereux soient accessibles et que par exemple des marchés locaux ou des petits villages qui rencontrent des problèmes puissent avoir accès à des informations sanitaires ou aux producteurs. Nous voudrions que ce portail soit semblable à notre « Potraviny na pranyří » tchèque au niveau européen. »

En ligne de mire : la Pologne. Les Tchèques n’ont toujours pas digéré l’affaire du sel polonais non comestible, et le scandale de l’alcool frelaté à l’anti-gel polonais de l’automne dernier est venue jeter de l’huile sur le feu. Petr Bendl, semble même se sentir victime d’une discrimination de la part des exportateurs polonais qui expédient dix fois plus de produits en Grande-Bretagne et en Allemagne sans que ces deux pays n’aient à s’en plaindre.

Photo: Archives de Radio Prague
« Peut-être que ces produits de mauvaises qualités arrivent tout d’abord en République tchèque et en Slovaquie et que nous sommes capables de les repérer, et qu’ailleurs non (rire). Nous allons assurément en parler avec les Polonais pour savoir comment expliquer qu’aucun produit de mauvaise qualité n’attérisse sur les marchés britannique et allemand. J’espère que nous parviendrons à convaincre le côté polonais que laisser la situation telle qu’elle est actuellement serait préjudiciable pour la Pologne et son marché alimentaire dans toute l’Union européenne. »

Des députés européens polonais ont protesté à Bruxelles contre ces attaques répétées de leurs voisins, rappelant au passage que les Polonais eux-mêmes ont eu à souffrir de mauvais produits tchèques et slovaques. Pour le ministre polonais de l’agriculture, ce sont les lobbys agricoles de ses voisins qui se cachent derrière cette salve de critiques. Les trois ministres de l’agriculture ont en tout cas la ferme intention d’inscrire le débat à l’agenda européen et comptent sur le scandale de la viande de cheval pour attirer l’attention des autres Etats membres.