La retraite politique de Fidel Castro vue par les médias tchèques

Fidel Castro, 2006, photo: CTK

Fidel Castro abandonne les postes de président et de commandant en chef des forces armées. Est-ce un véritable départ ? Le « lider maximo » se retire-t-il vraiment de la vie politique ou continuera-t-il à jouer un rôle important dans la vie des Cubains ? Telles sont les questions que se posent la majorité des commentateurs dans les médias tchèques.

Fidel Castro,  1985,  photo: CTK
Entre les années 1959 et 1985 les relations entre Cuba et la Tchécoslovaquie étaient très étroites. Le régime communiste tchécoslovaque soutenait Cuba matériellement et idéologiquement et soulignait la proximité politique des deux pays. Fidel Castro en tant que leader de la révolution cubaine était présenté comme un grand ami du peuple tchécoslovaque. En 1972 il a d’ailleurs été nommé docteur honoris causa de l’Université Charles de Prague. Lors de sa visite il s’était félicité de la proximité des relations entre la Tchécoslovaquie et Cuba :

«Nous cherchons à surmonter les difficultés de la langue qui est la seule chose qui nous sépare un peu… »

Fidel Castro,  2005,  photo: CTK
Dès 1989, année de la chute du régime communiste en Tchécoslovaquie, les relations se sont rapidement détériorés. En 2001 deux ressortissants tchèques Jan Bubeník et Ivan Pilip venus à Cuba pour nouer des contacts avec les dissidents, ont été arrêtés et ont passé un mois en prison. Jan Bubeník n’est pas prêt d’oublier cette épreuve difficile :

« Il s’y passaient des choses que nous avions vues dans les films sur les prisons communistes, dont la privation du sommeil. La lumière était laissée allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre et quand nous nous endormions on nous réveillait et nous soumettait à de nouveaux interrogatoires … »

Fidel Castro,  2006,  photo: CTK
Aujourd’hui, face à la décision de Fidel Castro de se retirer de la politique les commentaires tchèques restent prudents. L’historien Josef Opatrný de l’Université Charles de Prague ne pense pas que ce départ puisse apporter, à lui seul, un véritable changement à Cuba:

« N’oublions pas qu’une génération et demi de la population cubaine n’a pas connu d’autre régime que celui de Fidel Castro. Ce dernier a déclaré quitter les fonctions politiques mais qu’il resterait avec les Cubains. Il y a beaucoup de spéculations sur l’avenir de Cuba mais les enquêtes sociologiques ne nous permettent pas de dire si la majorité des Cubains est pour le communisme ou si la majorité désire un changement. »

Selon Josef Opatrný il est fort probable que malgré son départ spectaculaire Fidel Castro reste toujours la personnalité la plus influente de la scène politique cubaine :

Fidel Castro et son frère Raoul,  2004,  photo: CTK
« Castro reste et Castro est aussi un des principaux adversaires idéologiques des Etats-Unis. Il est évident que les Etats-Unis aimeraient envoyer Fidel Castro à la retraite politique. Je ne pense pas cependant qu’ils y parviendront dans un proche avenir. (…) Remplacer Fidel Castro par son frère Raoul n’est pas une solution car la différence d’âge entre les deux frères n’est que de cinq ans. Parfois on parle d’autres politiciens de la catégorie d’âge de soixante ans qui pourraient le remplacer. Cependant la personnalité de Castro couvrait toute la vie politique à Cuba et s’il y avait une autre personnalité importante, elle n’était pas visible. »

Il semble donc que, pour le moment, rien ne présage un proche réchauffement dans les relations tchéco-cubaines.