La rétrospective Alfons Mucha à Vienne: un grand retour
Quelque 250 oeuvres ont été réunies pour la grande rétrospective du peintre Alfons Mucha que les Viennois peuvent voir ces jours-ci dans une dizaine de salles du Musée Unteres Belvédère. Il s’agit de la plus grande exposition de ce peintre jamais organisée dans la capitale autrichienne. L’ambition de ses auteurs est de mettre en relief l’ensemble de l’oeuvre et de la vie de cet « artisan » de l’Art nouveau.
Courbes, volutes, ornements floraux, couleurs raffinées – tels sont les éléments typiques du style Mucha. On sait que le peintre, né en 1860, a vécu à Munich et à Paris, mais il est moins connu qu’au début de sa carrière, l’artiste, encore inconnu, a travaillé à Vienne comme assistant - décorateur de théâtre. Sa rétrospective actuelle peut donc être considérée comme un grand retour dans la capitale sur le Danube. C’est cependant son séjour parisien qui a été décisif pour la formation de son style. L’historienne de l’art Petra Hoftychová évoque cette partie de sa carrière:
«A Paris, Mucha est devenu un artiste recherché. Il s’est fait connaître surtout par ses oeuvres créées pour Sarah Bernhardt, des oeuvres pour le théâtre, des affiches et des illustrations. C’était un excellant dessinateur qui maîtrisait pourtant aussi toutes les techniques de la peinture. C’était un bon peintre et illustrateur qui savait donner un contenu à des compositions monumentales.»
250 tableaux, dessins, croquis, affiches, livres, bijoux et meubles, au Belvédère de Vienne, illustrent l’oeuvre d’un artiste qui a su imposer son style à toute l’Europe. Ses ornements stylisés et ses figures féminines d’une grâce languissante ont été utilisés pour la promotion d’innombrables articles dont les grandes marques de biscuits, de chocolats, de spiritueux et de cigarettes. Les visiteurs de l’exposition trouvent aussi plusieurs ensembles intéressants dont le mobilier de la boutique parisienne du joaillier Georges Fouquet ou bien la reconstruction des décors créés par l’artiste pour le pavillon de Bosnie-Herzégovine à l’Exposition universelle de 1900, à Paris. Une salle est réservée à deux immenses tableaux faisant partie du cycle d’une vingtaine de toiles monumentales par lesquelles le peintre a évoqué les grands moments de l’histoire des peuples slaves. Petra Hoftychová a participé aux préparatifs de cette partie de l’exposition:
«C’était bien difficile, parce que les restaurateurs devaient d’abord préparer les tableaux pour le transport. Ils ont donc travaillé à Moravský Krumlov où l’Epopée slave est exposée actuellement. Ils ont d’abord examiné et restauré la peinture, puis ont décroché les toiles de leurs châssis, les ont enroulées avec beaucoup de précautions sur de grands cylindres. Et, finalement, ils les ont emballées et les ont mises dans d’énormes caisses pour les transporter par camion.»
Selon le commissaire français de l’exposition, Jean-Louis Gaillemin, en créant cette collection monumentale à une époque belliqueuse, Mucha a voulu démontrer que la civilisation slave était très attachée à l’art et non pas aux armes.
La rétrospective Alfons Mucha au Belvédère de Vienne durera jusqu’au 1er juillet prochain et sera ensuite transférée à Munich.