La surtaxe européenne sur les importations asiatiques ne sauvera pas l'industrie de la chaussure tchèque

Pour tenter de faire face à la concurrence asiatique bon marché et à la crise de l'industrie de la chaussure qui sévit dans la majorité des pays membres, la Commission européenne a décidé, mercredi, d'imposer des droits de douane antidumping sur les chaussures en cuir en provenance de la Chine et du Vietnam. Bien que cette surtaxe était attendue, les fabricants de chaussures tchèques font pourtant déjà savoir qu'elle n'améliorera pas la situation.

Les autorités européennes ayant démontré que la Chine et le Vietnam exportent à des tarifs inférieurs aux coûts domestiques de revient, elles imposeront donc, à partir du 7 avril prochain, une hausse des droits de douane sur les chaussures en cuir. D'ici à six mois, cette surtaxe devrait s'élever à 19,4 % pour les chaussures chinoises et 16,8 % pour les vietnamiennes.

En République tchèque, les fabricants, à l'agonie, estiment que cette mesure sera inefficace et n'empêchera pas Chinois et Vietnamiens de continuer à inonder le marché de modèles pas chers et de mauvaise qualité. Ainsi, en 2005, 60 millions de paires ont été vendues par les importateurs chinois aux distributeurs tchèques, soit une moyenne de six paires par habitant ! A l'opposé, seules 5,5 millions de paires ont été fabriquées en République tchèque, soit près de six fois moins qu'en 1993. Proportionnellement, le nombre de personnes employées dans un secteur récemment encore traditionnel de l'industrie a chuté, lui aussi, pour passser de 27 000 à 4000 en douze ans. Des raisons qui expliquent le mécontentement et le désespoir actuel des producteurs de chaussures locaux, attachés à un artisanat de qualité. C'est pourquoi, plutôt qu'une hausse des droits de douane, les fabricants préféreraient l'instauration d'un prix minimal d'importation ou celle de quotas :

« Nous avons réalisé une analyse de la classification des droits de douane pour les chaussures en cuir qui seront intégrées au système de hausse des droits de douane, affirme Vlasta Mayerova, secrétaire de l'Association tchèque de la chaussure et de l'industrie du cuir. Or, il faut souligner que toute une catégorie de chaussures, les modèles de sport et pour les enfants, n'est pas concernée par ce système. Pour les importateurs sans scrupules, ce ne sera donc pas un problème de déclarer tous les types de chaussures dans la même catégorie, celle qui n'est pas surtaxée. Et à l'heure actuelle, certaines chaussures en cuir sont importées chez nous à un prix compris entre 35 et 45 centimes d'euro la paire. »

Si ces chiffres avancés constituent un extrême, il n'en reste pas moins que l'année dernière, le prix d'achat moyen d'une paire de chaussures chinoise pour les distributeurs tchèques était d'environ 1,65 euro, alors que l'association chinoise de la chaussure indiquait que sa production revenait à 2,35 euros. Une dure réalité que le Commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a commenté en affirmant que l'Europe ne pouvait « pas lutter contre les chaussures bon marché, mais seulement contre les pratiques commerciales irrégulières ». Les fabricants tchèques rétorquent, de leur côté, qu'ils sont donc appelés à disparaître.