L'industrie de la chaussure tchèque sinistrée par l'invasion chinoise

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En 2005, près de 60 millions de paires de chaussures chinoises ont été vendues en République tchèque, tandis que dans le même temps, les entreprises locales n'en fabriquaient que 5,5 millions. Dans le pays où a vu le jour l'empire de la célèbre marque de chaussures Bata, le déclin de ce secteur traditionel de l'industrie tchèque du XXe siècle est forcément plutôt mal vécu. Aujourd'hui, seules quelques petites et moyennes entreprises, qui ont réagi en misant sur des produits de qualité, résistent encore à la concurrence asiatique bon marché qui inonde le marché.

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Les chiffres confirment la tendance selon laquelle les fabricants de chaussures tchèques vivotent et tendent à disparaître, à l'exception de quelques survivants ingénieux qui parviennent encore à résister. Ainsi, selon l'Institut tchèque de la statistique, alors que 13 millions de paires "made in Czech" étaient encore produites en 2000, le nombre a baissé de près de 60 % en cinq ans ! A l'inverse, sur la même période, le nombre de paires de chaussures importées a plus que doublé pour passer de 30 à 73 millions, dont 80 % sont d'origine chinoise. Et en remontant encore un peu dans le temps, on s'aperçoit qu'en 1993, 32 millions de paires étaient encore fabriquées en République tchèque par 27 000 employés. Or, aujourd'hui, seules un peu plus de 4000 personnes travaillent encore dans le secteur.

Un constat désolant valable pour la chaussure, mais aussi pour l'industrie textile en République tchèque et dans de nombreux autres pays de l'UE. A Bruxelles, on en est arrivé à la conclusion que les chaussures asiatiques étaient vendues à des prix de dumping, c'est à dire inférieurs au prix de revient. Par exemple, pour l'année dernière, le prix d'achat moyen d'une paire de chaussures chinoise pour les distributeurs tchèques était de 47 couronnes, soit 1,65 euro, et ce alors même que l'association chinoise de la chaussure indiquait que la production revenait à environ 67 couronnes, 2,35 euros.

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Pour tenter de freiner cette tendance, le porte-parole du commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a annoncé, lundi, que la Commission européenne allait discuter avec les Etats membres de l'instauration de droits de douane antidumping sur les chaussures en cuir en provenance de Chine et du Vietnam.

En attendant, certains fabriquants s'adaptent en diversifiant leur production. En plus des chaussures dont la qualité se doit d'être supérieure à la chinoise pour justifier leur prix plus élevé, certaines entreprises de plus ou moins petite taille se lancent, par exemple, dans la confection de divers articles de maroquinerie. Mais surtout, les derniers mohicans de la chaussure aimeraient qu'un accord entre Bruxelles et Pékin soit trouvé pour limiter la hausse des exportations chinoises à destination de l'UE, comme ce fut le cas pour le textile à Shangaï en juin 2005.