La Tchécoslovaquie aux services spéciaux
« La Tchécoslovaquie aux services spéciaux », tel est le titre d'une série documentaire sur les services d'espionnage tchécoslovaques, réalisée par la Télévision tchèque. Cette semaine, les spectateurs tchèques ont pu voir la première partie des dix-huit de la série. Astrid Hofmanova.
Le travail sur ce plus grand projet documentaire dans l'histoire tchèque, a duré presque neuf ans. En dépit de la monumentalité du projet, ses auteurs ne se proposent pas de tracer l'histoire entière de l'espionnage tchécoslovaque. Ils se contentent de présenter les courants et acteurs principaux des services d'espionnage, jusqu'à la fin des années soixante. Des journalistes, assistés par des spécialistes et des historiens de l'Institut de l'histoire moderne de l'Académie des Sciences, ont réussi à réunir les documents et les témoignages des centaines de personnes, dont beaucoup ne sont plus parmi nous. Rappelons Rudolf Barak, ancien ministre de l'Intérieur, dans les années cinquante, héros principal de la onzième partie, intitulée La montée et la chute de Rudolf Barak. La TV tchèque a enregistré une interview avec lui, peu de temps avant sa mort, en 1994. Cet ancien haut dirigeant communiste considère comme son plus grand succès l'édification d'un nouvel appareil du service d'espionnage, suivant l'exemple des services secrets du KGB soviétique. Plus tard, Barak lui-même va devenir victime d'un procès monté.
Parmi ceux qui ont collaboré au projet, il y a le réalisateur russe, Galim Kajumov. Grâce à ses nombreux contacts en Russie, la partie « Les ambassadeurs de la peur » apporte les témoignages des vrais « conseillers », que les services secrets soviétiques ont envoyés en Tchécoslovaquie, en février 1948. « A l'époque, tout le monde avait peur d'eux, aujourd'hui, ce sont des vieillards à croquer », dit le père du projet, Karel Hynie. Parmi les personnes qui apportent leurs témoignages sur la marche des services secrets tchèques et étrangers, citons au moins l'ancien chef de la CIA, James Woolsey, ou Oleg Kalugin, ancien chef du KGB, qui vivent aux Etats-Unis.
On ne sait pas combien de ces anciens espions vivent en République tchèque de nos jours. Mais on sait qu'après l'écrasement du Printemps de Prague en 1968, le KGB a envoyé en Tchécoslovaquie des centaines d'espions pour soutenir la « normalisation » en cours. On peut supposer que beaucoup d'entre eux n'ont, aujourd'hui, que cinquante ans.