Le Service de renseignement tchèque met en garde contre la « menace complexe et croissante en matière de renseignement » de la Chine, mais aussi de l’Iran et de la Russie
Dans son rapport annuel publié mardi 23 novembre, le Service de renseignement tchèque (BIS) conclut qu’en 2020, les services de renseignement étrangers en République tchèque se sont principalement concentrés sur le domaine du renseignement politique, scientifique et technique. Le Service de renseignement estime que les activités de renseignement chinoises mettent particulièrement en danger les institutions universitaires tchèques.
Si c’est dans le domaine du renseignement politique, mais aussi scientifique et technique en général, que les services de renseignement chinois ont été les plus actifs en République tchèque en 2020, le Service de renseignement tchèque (BIS) met particulièrement en garde les institutions universitaires tchèques. En effet, non seulement les services de renseignement chinois y ont accès aux informations, mais aussi ils y étendent leur influence.
« Les services de renseignement chinois cherchent à se procurer des nouvelles technologies, parmi lesquelles des systèmes robotisés et autonomes, l’impression 3D ou encore les nanotechnologies », d’après le rapport. De plus, les entreprises chinoises sont toujours intéressées par le rachat d’entreprises tchèques, suite auquel elles cherchent à déplacer la production sur leur territoire ou à procéder à la rétro-ingénierie.
D’une façon générale, d’après le rapport du BIS, l’assurance dont fait preuve la Chine dans ses activités de renseignement sur le territoire tchèque n’a nullement été atténuée par les restrictions liées à la situation sanitaire. D’ailleurs, « l’intérêt et l’activité de la Chine se sont concentrés sur le transfert de la responsabilité de la pandémie de Covid-19 sur les pays occidentaux, ainsi que sur la perturbation des relations politiques et économiques entre la République tchèque et Taïwan ». Le BIS estime que les agents chinois parviennent aisément à maintenir de bonnes relations avec des personnalités de la scène politique ou ayant une influence sur celle-ci. Les diplomates et services de renseignement chinois œuvrent à la promotion d’une image positive de leur pays en influant – de façon dissimulée ou non – sur les contenus proposés par les médias.
Si les activités de la Chine n’ont pas été freinées par l’épidémie, la Russie a perdu certains contacts dans ses domaines d’intérêt traditionnels, à savoir la politique, le commerce et le monde universitaire. Cela a rendu la partie russe d’autant plus désireuse de tendre la main aux extrémistes, d’après le rapport annuel.
De plus, après des décennies de déclin, on a assisté ces dernières années à une résurgence de l’activité des services spéciaux iraniens en Europe. L’année dernière, la République tchèque a même publié un manuel spécial définissant les règles relatives aux domaines d’études dans lesquels les Iraniens peuvent étudier. En effet, certains étudiants iraniens s’inscrivent à des études dans le domaine du nucléaire, mais selon les règles édictées par l’Union européenne et les Nations unies, il est interdit aux écoles de former des étudiants iraniens si les connaissances acquises peuvent ensuite être utilisées pour le développement de technologies militaires.
L’agressivité des services spéciaux iraniens, notamment envers les opposants au régime en exil, a également augmenté. Ainsi les activités de l’Iran pourraient viser les opérations éditoriales en persan de Radio Free Europe, que l’Iran considère comme une entité d’opposition, a averti le Service de renseignement tchèque (BIS).