La Tchéquie à l’heure de la sécheresse

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Les caprices de la longue canicule et la perspective de l’arrivée de migrants dans le pays, tels sont les sujets dont on parle actuellement beaucoup en Tchéquie et qui, naturellement, trouvent aussi un large écho dans la presse. Le développement de l’économie du savoir nécessite la venue dans le pays d’experts étrangers. C’est ce que constate un article économique, dont nous vous présenterons également un extrait avant de rappeler un des moments forts du Festival international du Film de Karlovy Vary.

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La canicule qui s’est installée en Tchéquie et la sécheresse qui l’accompagne sont un des sujets fréquemment traités dans la presse de ces jours-ci. A la une de l’une des récents éditions du quotidien Právo, Jan Daňhelka de l’Institut hydrométéorologique, a par exemple indiqué que le pays était désormais touché par plusieurs sortes de sécheresse, qui sont d’ordre climatique, agricole et de sol, et de préciser :

« En Tchéquie, on peut trouver tous ces types de sécheresse qui sont réparties différemment dans les régions et dont chacune évolue à sa manière. Une situation qui est comparable à celle qui a existé dans le pays en 2003. Les plus touchées sont la Moravie du Sud et la Bohême de l’Est... La totalité des précipitations locales qui sont depuis le mois de mars dernier déficitaires, constitue moins de 80% de leur volume moyen. La perspective pour les semaines qui viennent ne s’annonce pas plus favorable ».

Un article mis en ligne sur le site aktualne.cz rappelle qu’une sécheresse particulièrement lourde avait touché la Tchécoslovaquie en 1947 où le pays avait été contraint d’acheter de grandes quantité de blé à l’étranger. Les experts cités constatent en outre que sans la cascade de barrages qui ont été dans le passé construits sur la rivière de Vltava, la capitale souffrirait maintenant d’un grave manque d’eau.

Dans le quotidien Lidové noviny Tomáš Tománek s’est penché pour sa part sur l’impact de la sécheresse actuelle sur l’agriculture pour constater qu’en raison d’un manque d’eau et des températures croissantes, les agriculteurs tchèques sont désormais appelés à modifier leurs pratiques et à cultiver certains de leurs produits ailleurs, dans les hautes altitudes plutôt qu’en plaine. Et il a également écrit :

« Mais l’agriculture est loin d’être le seul domaine de l’économie tchèque à souffrir des retombées des canicules persistantes. Le manque d’eau touche en premier lieu la pisciculture, une branche qui est dans le pays très développée, ainsi que les transports, car les températures élevées risquent de déformer les rails et d’endommager les routes. »

La Tchéquie face à la vague migratoire

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Le débat autour de l’immigration qui se limite en Tchéquie prioritairement à des questions sécuritaires devrait-il impliquer également d’autres aspects ? Voilà une des questions à laquelle a répondu sur le site aktualne.cz le prêtre catholique Václav Malý qui s’est illustré comme un des animateurs lors des manifestations de la révolution de velours en 1989 qui a débouché sur la chute du régime communiste. Nous citons :

« Il faut bien sûr vérifier si les gens qui viennent chez nous ne sont pas membres d’une organisation terroriste. Toutefois, il faut également voir qu’il s’agit de gens en détresse, souvent des familles avec enfants. C’est un aspect qui devrait prévaloir sur des risques éventuels. Tandis que l’Etat et ses structures ont en charge les questions de sécurité, les citoyens quant à eux devraient chercher à les faire intégrer, à les accepter pas comme des misérables, mais comme des partenaires pour une rencontre et un dialogue. L’important est donc de répartir les immigrés au sein de l’ensemble de la société et d’éviter la création de ghettos et de communautés exclues ».

Václav Malý s’est exprimé aussi au sujet de certaines tendances xénophobes voire agressives à l’égard des migrants qui sont présentes dans la société tchèque en disant :

« C’est avant tout de la faute des représentants publics. Presque personne d’entre eux n’a le courage de dire que nous vivons dans un monde interconnecté et que nous assumons donc une responsabilité commune de ce qui se passe ailleurs. Notre niveau de vie est élevé, voilà pourquoi on devrait être prêts à partager. Un rôle négatif incombe dans ce sens également à une grande partie des médias, car ceux-ci n’expliquent pas suffisamment qu’on a affaire à une situation complexe qui, pourtant, n’est pas sans issue. Les gens sont une cible facile de manipulation, voilà pourquoi la responsabilité des autorités publiques et des médias est immense ».

La crise migratoire a été également le sujet d’un entretien, toujours sur le site aktualne.cz, avec Miroslav Bárta, historien et égyptologue reconnu. Selon ses propres paroles, la vague migratoire dont nous sommes aujourd’hui les témoins, ne serait qu’un « petit entraînement » avant une véritable migration des nations à attendre au cours des cinquante prochaines années qui sera liée, comme si souvent dans le passé, à des changements climatiques. Pour lui, il n’y a pas cependant lieu de céder au désespoir. Il explique pourquoi :

« On peut le percevoir comme le coup d’envoi d’un processus de régénération ou de transformation, processus qui, dans le passé, a toujours débouché sur quelque chose de nouveau, d’intéressant et d’enrichissant. Il en a toujours été et il en sera de même à l’avenir ».

La Tchéquie a besoin d’experts étrangers pour développer l’économie du savoir

Photo: Commission européenne
Nous avons besoin d’étrangers, car la Tchéquie est un pays trop petit pour pouvoir gérer par ses propres forces le développement de l’économie du savoir. C’est ce que signale un texte publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt et dans lequel on peut lire :

«La modernisation de l’enseignement et une infrastructure de qualité sont deux grands défis, dont la maîtrise n’est pas pour autant en elle-même en mesure d’assurer le développement de l’économie fondée sur le savoir. Ce dont les entreprises de pointe ont le plus besoin, ce sont des experts très spécialisés. Il va de soi qu’un pays comme la Tchéquie avec ses quelque 10 millions d’habitants n’est pas à même d’en former la quantité requise. Le développement du secteur concerné est alors dans une grande mesure dépendant de l’ouverture du marché de travail, soit de la venue d’experts étrangers ».

L’auteur du texte, Kryštof Kruliš, souligne qu’il est important de miser à cette fin sur des aspects attrayants et les atouts dont la Tchéquie peut se targuer, comme un coût de la vie relativement bas. Mais ce qui semble selon lui crucial, c’est l’élimination des barrières linguistiques grâce à un meilleur apprentissage de l’anglais, car cette langue constitue d’après ses propres dires « une clé qui ouvre l’accès à la sphère de l’économie du savoir ». Estimant que c’est Prague qui, grâce à sa réputation touristique internationale et son caractère cosmopolite, paraît prédestinée à accueillir et à concentrer des entreprises spécialisées dans l’économie du savoir, il conclut :

« Une implication importante de spécialistes étrangers dans l’économie tchèque donnerait en même temps un exemple positif pouvant améliorer l’image des représentants d’autres cultures aux yeux de la société locale et renforcer naturellement la capacité d’une compréhension interculturelle ».

Les films de Karel Zeman ne cessent de séduire

'L'Invention diabolique'
La présentation d’une version « nettoyée » du célèbre film L’Invention diabolique du réalisateur tchèque Karel Zeman, accompagnée d’un défilé en costumes de l’époque, a constituée pour la critique de cinéma, Mirka Spáčilová, un des moments les plus forts de la 50e édition du Festival international du Film de Karlovy Vary qui s’est tenu au début de ce mois de juillet. Une occasion de rappeler qu’en 1958, le film a remporté la victoire à l’Exposition universelle de Bruxelles, pour être présenté, numériquement rénové et accompagné d’une exposition ambulante, samedi dernier, à celle qui se tient actuellement à Milan. Mirka Spáčilová du quotidien Mladá fronta Dnes a noté à ce propos :

« Force est de constater que le film L’Invention diabolique n’a pas vieilli. En plus, il contient désormais un sketch qui, jadis, a été coupé et qui a été redécouvert par hasard lors de la restauration du film qui sortira en salle, à partir du 30 juillet prochain, également en Tchéquie. Quant à l’exposition ambulante qui présente des costumes, des marionnettes et des exemples de scènes de trucage, elle sera présentée dans plusieurs capitales mondiales. »

Vendu dans près de 80 pays, L’Invention diabolique représente le plus grand succès cinématographique tchèque. En ce mois de juillet, 105 ans se sont écoulés depuis la naissance de son réalisateur, Karel Zeman, considéré comme l’un des précurseurs du film de trucage et qui a à son compte d’autres films à succès, dont les plus connus sont Le Baron de Crac, Voyage dans la préhistoire ou Le Dirigeable volé.