La Tchéquie cherche à coordonner les positions des Vingt-sept vis-à-vis de l’Iran
Face à la situation dramatique en Iran et suite aux démarches diplomatiques iraniennes le ministère tchèque des Affaires étrangères s’est vu obligé de réagir au nom de l’Union européenne dont elle assume encore la présidence jusqu’à la fin juin. Le ministère tchèque a convoqué le chargé d’affaires iranien pour rejeter officiellement les affirmations iraniennes selon lesquelles l’Union européenne s’ingère dans les affaires intérieures de l’Iran.
Le ministère a également lancé un appel à tous les autres Etats membres de l’Union, les invitant à envisager de convoquer les chefs des missions diplomatiques iraniennes dans leurs pays respectifs. C’est le vice-ministre tchèque des Affaires étrangères Tomáš Pojar qui a présenté au chargé d’affaires iranien cette position officielle. L’Union européenne se réserve le droit de s’exprimer sur les élections dans n’importe quel pays du monde. Les Vingt-sept critiquent Téhéran pour les récentes élections présidentielles sur lesquelles pèsent des soupçons de manipulation et surtout pour les interventions brutales contre le mouvement de protestation que le résultat électoral a suscité. L`Iran a également essuyé la critique du ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt dont le pays prendra la présidence de l’Union dans quelques jours.
La situation en Iran est attentivement suivie par les politologues tchèques. Selon l’un d’eux, Jan Šnaidauf, spécialiste du Proche Orient, les événements de ces derniers jours signalent un changement profond à l’intérieur de la société iranienne :«Il semble que l’Iran comme certains autres pays ait choisi la voie de la répression brutale des protestations. C’est un changement par rapport au passé parce que la République islamique d’Iran a été, pendant les trente ans de son histoire, malgré quelques failles épisodiques, un régime qui pouvait affirmer s’appuyer sur la majorité de ses habitants. Aujourd’hui ce n’est plus vrai.»
D’après Jan Šnaidauf l’évolution de ces derniers jours ne semble pas indiquer que la situation dans le pays aurait tendance à dégénérer en un massacre général. A son avis, dans le proche avenir il faut plutôt s’attendre à une accalmie sur la scène politique iranienne ce qui ne veut pas dire que la société iranienne ne change pas intérieurement :
«Les événements de ces derniers jours ont des répercussions sur le caractère du régime et le poussent vers une autre position. Je pense que le fait que nous voyions en Iran des protestations aussi intenses contre la manipulation électorale, qu’elle soit réelle ou seulement supposée, est une bonne nouvelle.»Actuellement les rapports entre la République tchèque et l’Iran sont assez tendus. La Tchéquie n’a pas d’ambassadeur à Téhéran et ses intérêts diplomatiques y sont représentés par un chargé d’affaires.