La Tchéquie, dernier pays de l’UE à ne pas avoir ratifié l’Accord de Paris
Au sein de l’Union européenne, la République tchèque est le dernier pays à ne pas encore avoir ratifié l’Accord de Paris, qui vise à limiter les effets du réchauffement climatique. Les parlementaires tchèques traînent en effet des pieds. Mardi, après quatre discussions avortées, les députés ont finalement accepté le texte en première lecture.
« Je pense que c’était vraiment un geste inutile, nous avons envoyé un message que nous n’aurions pas dû envoyer. En aucun cas, cet accord ne va nuire à notre position économique, à notre compétitivité. Nous avons pourtant envoyé un message montrant que nous sommes pour le moins égoïstes, que nous ne nous associons pas à l’effort international. »
Malgré le consensus scientifique sur le réchauffement climatique et sur la responsabilité en premier lieu des activités humaines, la race des climatosceptiques n’a pas encore tout à fait disparu. En République tchèque, elle est notamment représentée par les parlementaires du parti de droite ODS. On doit ainsi à l’un de ses membres, Jan Zahradník, les retards pris en commission parlementaire dans l’analyse de la ratification, pourtant décidée par le gouvernement voici dix mois et acceptée par le Sénat au mois d’avril.
Ce mardi, il demandait le report de la discussion tant qu’une étude d’impact sur l’économie tchèque n’aurait pas été réalisée, alors que certaines ont déjà été publiées. La proposition a été largement rejetée. L’un des arguments de Jan Zahradník est le retrait des Etats-Unis de l’accord, décidé début juin par Donald Trump :« Cet accord perd progressivement ses soutiens. Les Etats-Unis ont rayé leur signature et c’est la Chine qui va prendre le leadership de l’accord. On ne peut pas faire confiance à la Chine pour respecter ses engagements à 100 ou à 50 ans. La Chine fera ce qu’elle voudra. Cela lui convient de devenir leader mais on sait bien que la Chine ne respecte pas grand-chose. »
L’analyse géopolitique du député n’a pas été suivie par ses collègues qui ont donc ratifié le texte en première lecture et qui pourra désormais être étudié de façon approfondie en commission parlementaire. Pour Pavel Zámyslický, à la tête du département en charge de la protection du climat au ministère de l’Environnement, il convient aussi de respecter un engagement européen :
« La Tchéquie, en tant que membre de l’UE, s’est engagée, comme dans le cadre de l’Accord de Paris, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% à l’horizon 2030 par rapport à 1990. C’est donc un engagement qui n’a en fait rien de révolutionnaire. »D’autant plus que la Tchéquie, qui, en 2014, avait déjà réduit de près de 37% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, n’aura aucun mal à parvenir aux objectifs fixés. Les moyens pour les atteindre sont cependant parfois contradictoires. Mardi, les députés tchèques ont ainsi également adopté la ratification du CETA, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, un texte dénoncé par les organisations écologistes…