Lutte contre le changement climatique : la Tchéquie n’est pas au niveau

Photo: Ministr, CC BY-SA 3.0

La République tchèque est l’un des pays dont l’engagement dans la lutte contre le changement climatique est l’un des plus faibles au sein de l’Union européenne. C’est la conclusion d’un rapport publié lundi par la plate-forme écologiste Climate Action Network (CAN), qui classe la Tchéquie à la 20e position sur 28 pour sa politique environnementale.

Richard Brabec,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Pourtant, à écouter certains politiciens, il y aurait de quoi se réjouir. En novembre dernier, l’ancien Premier ministre social-démocrate Bohuslav Sobokta, alors sur le départ, faisait ainsi un bilan plus que positif de l’action de son gouvernement et de Richard Brabec (ANO), le ministre de l’Environnement :

« Je suis heureux que nous ayons finalement commencé à suivre la question des conséquences du changement climatique, qu’en tant que gouvernement, nous ayons cessé d’ignorer l’existence des bouleversements climatiques. Ces changements climatiques ont malheureusement un impact sur la République tchèque. Je suis aussi heureux que nous ayons pu définir une stratégie qui permette à l’Etat et aux organes de l’Etat de répondre à ces changements. »

Il est vrai que la République tchèque était partie de loin et que c’est sous le mandat de Bohuslav Sobotka que le pays a ratifié l’Accord de Paris sur le climat. Mais que ce fût difficile ! Le pays a été le dernier de l’Union européenne à ratifier le document. La Chambre des députés, où le parti civique-démocrate ODS a longtemps fait obstruction contre le texte, n’a validé l’accord qu’en septembre 2017, soit près de deux ans après son adoption.

Mais ce n’est pas le tout de le ratifier, il faut encore mener des politiques qui permettent d’en atteindre les objectifs. Et c’est bien là que le bât blesse. D’après Climate Action Network, la République tchèque, si elle est sur la bonne voie en ce qui concerne les buts qu’elle s’est elle-même fixée, est très en retard pour ce qui est des objectifs définis dans le cadre de l’Accord de Paris. Prague peine notamment à élaborer une stratégie qui lui permettrait de sortir des énergies carbonées et de faire monter en puissance le renouvelable.

Or ce n’est pas vraiment l’une des priorités du gouvernement démissionnaire d’Andrej Babiš (ANO). Le ministère de l’Industrie et du Commerce avait d’ailleurs été rebaptisé en début d’année, de façon éphémère, le ministère « du Charbon et du Smog », lors d’une opération menée par des militants de l’organisation Greenpeace.

Il faut dire que le ministre, Tomáš Hüner, dont la participation au prochain gouvernement en formation est encore sujette à caution, a longtemps travaillée dans des entreprises énergétiques. En janvier dernier, il exprimait d’ailleurs son soutien à la Pologne, le moins bon élève du classement élaboré par Climate Action Network, qui contestait une directive européenne sur la réduction des émissions polluantes. Jan Rovenský, de Greenpeace, constatait :

Photo: Ministr,  CC BY-SA 3.0
« Nous nous attendions à ce que M. Hüner joue le jeu de ses anciens employeurs des grandes entreprises énergétiques comme ČEZ ou bien Vršanská uhelná (une société minière d’extraction de lignite en Bohême du Nord, ndlr). Ce qui nous a surpris, c’est qu’il le fasse de façon aussi rapide et aussi funeste. »

De même, la Tchéquie ne fait pas partie des Etats qui insistent au niveau européen pour l’imposition d’objectifs bien plus ambitieux. Cela correspond en partie au niveau du débat dans le pays, où le thème n’est quasiment jamais abordé et où le seul parti alertant sur les problématiques environnementales, le parti des Verts, est presque inexistant politiquement. En décembre dernier, un sondage indiquait ainsi que plus de la moitié des Tchèques étaient encore sceptiques sur la réalité du changement climatique, le niveau le plus élevé en Europe.