La tension monte entre le président de la République et le Premier ministre

Bohuslav Sobotka et Miloš Zeman, photo: Archives du Gouvernement

Cette nouvelle revue de presse propose d’abord un sujet politique consacré à la discorde entre le chef de l’Etat et le chef de gouvernement. Ensuite, nous rappelerons les grands incendies dont Prague a été le témoin au cours des 150 dernières années. Nous vous donnerons également quelques explications concernant les conséquences de l’absence d’une formation prémilitaire en Tchéquie, ainsi que des détails au sujet de l’endettement sans précédent d’une partie de la population. Quelques mots enfin sur la mauvaise récolte de pommes de terre. Le tout à partir de textes reccueillis dans la presse, écrite ou électronique.

Bohuslav Sobotka et Miloš Zeman,  photo: Archives du Gouvernement
La rivalité entre le président de la République, Miloš Zeman, et le Premier ministre, Bohuslav Sobotka, est au cœur d’une analyse qui a été publiée dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt. Celle-ci constate d’abord que par ses nombreuses déclarations pour le moins défavorables à l’adresse de Bohuslav Sobotka, le chef de l’Etat met en cause les capacités de ce dernier, insinuant la possibilité d’un abandon de ses fonctions. Ses auteurs remarquent que compte tenu de la popularité record de Miloš Zeman, il paraît étonnant qu’il n’y ait pas jusqu’ici réussi, avant de poursuivre :

« Jamais, dans l’histoire d’après 1989, la position d’un Premier ministre n’a été aussi compliquée. Bohuslav Sobotka dirige un gouvernement avec le très ambitieux Andrej Babiš comme partenaire de coalition, dont le mouvement ANO a obtenu aux dernières élections presque le même score que le Parti social-démocrate (ČSSD), dont il est le chef. Le président Miloš Zeman affiche souvent son hostilité à son égard, tandis qu’au sein du ČSSD il y a toujours des gens qui n’appartiennent pas au camp de ses sympathisants. Le tout dans le contexte de la crise migratoire, du renforcement des tendances nationalistes dans les pays postcommunistes et de la montée des ambitions ennemies de Moscou et du risque de démantèlement de l’Union européenne. »

Or, au lieu de prendre une position de défense comme beaucoup l’auraient pensé, Bohuslav Sobotka a surpris. Relevant le défi de Miloš Zeman, il aurait mis des gants de boxeur. Erik Tabery et Tomáš Brolík soulèvent également la question de savoir quelle sont les chances du Premier ministre de survivre sur la scène politique :

« La position de Bohuslav Sobotka au sein du parti qu’il dirige est aujourd’hui particulièrement forte. Ses membres apprécient que, sur le plan économique, le pays se porte bien, d’où aussi la satisfaction d’une grande partie de la population... En plus, beaucoup perçoivent les attaques de Zeman contre leur chef comme étant dirigées contre le parti en tant que tel. Ce sont bien entendu les élections qui peuvent changer cette situation. La première épreuve est prévue pour cet automne avec les élections régionales et sénatoriales ».

En conclusion, les auteurs de l’analyse publiée dans l’hebdomadaire Respekt signalent que le résultat du conflit entre Sobotka, pro-Union européenne, et Zeman est fondamental pour l’avenir du pays car, selon leurs propres paroles, « il n’en va ni plus ni moins de l’orientation de ce pays ».

Les incendies à Prague souvent accompagnés de circonstances mal éclarcies

L'incendie du Parc des Expositions en 2008,  photo: Leoš Kučera / HZS Praha
Les incendies ont depuis toujours hanté les Pragois. C’est ce qu’a constaté dans le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny, Zdeněk Lukeš, historien de l’architecture, suite à l’incendie qui a récemment détruit une partie du toit du Musée national de Prague. Une occasion pour lui de rappeler quelques-unes des grandes catastrophes qui ont frappé au cours des 150 dernières années la capitale tchèque. Au sujet de la plus connue d’entre elles, celle de 1881 qui a touché un bijou de l’architecture de l’époque, le bâtiment du Théâtre national à peine achevé, il a noté :

« Le Théâtre national situé sur la rive droite de la rivière Vltava était une construction grandiose dont la décoration est due à toute une pléiade d’illustres artistes. L’incendie a été probablement le fruit du hasard, en dépit des spéculations qui ont couru et des soupçons dont les Allemands de Prague ont fait principalement l’objet. Tout en ayant été en grande partie dévasté, le bâtiment a pu être rénové, élargi et même embelli en l’espace de deux ans ».

Zdeněk Lukeš rappelle ensuite une série d’incendies qui ont affecté la capitale tchèque le 14 février 1945 et qui ont ravagé au total 183 maisons, en lien avec un raid américain qui s’était trompé de cible. Egalement très connu du large public : l’incendie qui, au cours de l’Insurrection de Prague à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a endommagé l’Hôtel de ville de la Vieille-ville. En ce qui concerne l’époque actuelle, il y a lieu d’évoquer d’abord l’incendie de 1974 qui a presque entièrement détruit, le vent aidant, le Palais des foires dans le quartier de Holešovice, un des plus importants édifices constructivistes de l’Europe des années 1920. Probablement fruit du hasard, cette catastrophe a également donné lieu à toutes sortes d’hypothèses et de spéculations. Zdeněk Lukeš rappelle aussi trois importants incendies survenus entre les années 1991 et 2008 dans les espaces du Parc des Expositions (Výstaviště) :

« Le premier a anéanti le bijou de l’architecture tchécoslovaque moderne, le Pavillon de Bruxelles qui représentait la construction la plus réussie de l’Expo 1958. Des circonstances mal éclaircies ont également accompagné l’anéantissement par les flammes du théâtre Globe, construit en bois sur le modèle du célèbre théâtre shakespearien à Londres. C’est toujours dans la localité de Výstaviště que le feu a consumé une aile du Parc des Expositions, une construction révolutionnaire de l’an 1891... Inutile d’ajouter que tout ceci s’est passé ‘dans des circonstances mal éclaircies’ ».

L'absence d’une formation prémilitaire en Tchéquie

Le général réserviste František Mičánek,  photo: Archives de l'Université de la défanse Brno
A partir de septembre prochain, l’école d’élite de l’OTAN à Rome sera dirigée par un Tchèque, le général réserviste František Mičánek. Il deviendra ainsi le deuxième Tchèque le plus haut placé dans les plus hautes structures de l’Alliance atlantique. Dans un entretien qu’il a accordé pour l’édition de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes, celui-ci a réfléchi entre autres sur les conséquences d’une hypothétique attaque terroriste à Prague en disant :

« Je ne veux même pas imaginer les retombées d’une attaque à Prague, dans le métro ou dans une salle de concert, comme cela s’est passé à Paris. Les Tchèques n’y sont pas habitués. C’est un phénomène nouveau auquel les habitants ne sont pas du tout préparés. Je suis absolument convaincu que les interventions de la police, des services de secours et de l’armée seraient, dans une telle situation, sûres et efficaces. Mais la réaction des gens ? Ce serait un choc stratégique car, faute de toute formation prémilitaire, la majorité des gens ne maîtrisent même pas les gestes de base des premier secours, ne savent pas comment réagir lors d’une évacuation ou bien comment survivre en tant qu’otage. »

Selon František Mičánek, une menace terroriste directe de grande ampleur n’existe pas pour l’instant dans le pays. La probabilité d’une attaque est cependant toujours présente, car les événements catastrophiques ne doivent pas toujours être liés aux islamistes radicaux comme le croit une grande partie de la population. Un accident d’ordre industriel, le crash d’un avion sur une centrale nucléaire, des inondations. Voilà quelques-unes d’autres menaces auxquelles la population pourrait être confrontée et auxquelles elle devrait être préparée.

Les Tchèques plus endettés que jamais

Photo: David Playford / freeimages
Les chiffres sont alarmants. Vers la fin de l’année 2015, 730 000 personnes faisaient l’objet de plus d’une saisie de leurs biens. Environ la moitié d’entre elles est menacée par quatre saisies simultanées. Les dettes pèsent en Tchéquie sur une personne sur dix, y compris celles qui vivent dans une famille endettée. Une preuve on ne peut plus convaincante de ce que les problèmes liés au non-paiement de prêts financiers touchent un nombre croissant de personnes. Exiger l’exécution d’une dette est à l’heure actuelle de plus en plus difficile du fait que les débiteurs considèrent leur dette, souvent, comme un problème du créancier, pas comme un problème qui serait le leur. Selon les experts, la faute serait prioritairement aux entreprises qui prêtent de l’argent à n’importe qui, même à ceux qui sont déjà endettés. Dans l’éditorial de l’édition de ce mercredi du quotidien Hospodářské noviny consacré à ce sujet, Vojtěch Blažek a écrit :

« L’endettement croissant a conduit le ministère de la Justice, les huissiers et les avocats à chercher en commun des solutions. Ainsi, une nouvelle modification de la loi se propose d’empêcher les entreprises concernées de proposer des prêts à qui le voudrait en déléguant sur elles le fardeau des saisies concernant les personnes insolvables. Une façon de motiver les créanciers économiquement en les conduisant à mieux contrôler la solvabilité de leurs clients. »

Le quotidien Hospodářské noviny remarque également qu’en dépit des problèmes en lien avec le grand endettement et les saisies, le ministre de la Justice, Robert Pelikán, n’envisage pas une amnistie des dettes, car « elle serait dévastatrice pour la certitude judiciaire et pour le moral de la société ».

La Tchéquie en manque de pommes de terre locales

Photo: Archives de Radio Prague
L’année dernière, la récolte de pommes de terre en République tchèque a été la plus faible depuis 1920, date à laquelle les données statistiques en la matière ont été collectées pour la première fois. Tereza Holanová a publié plus de détails sur le site aktualne.cz :

« La totalité de la récolte de l’année dernière représentant près de 604 000 tonnes de pommes de terre est d’un quart inférieure à celle de l’année précédente, ce qui a confirmé les prévisions alarmistes des agriculteurs. Cette mauvaise récolte a été causée par des chaleurs record et un temps particulièrement sec. La hausse du prix des pommes de terre sur le marché et la baisse de l’autarcie de la République tchèque, qui est également liée à la réduction des surfaces emblavées, sont les conséquences les plus directes de cette situation ».

Par ailleurs, outre le chou, les pommes de terre sont une commodité alimentaire dont le prix a augmenté le plus. Dans les supermarchés, un kilo se vend en moyenne pour quelque 15 couronnes, l’équivalent de près de 40 centimes d’euros. Le ministère de l’Agriculture prépare désormais des mesures en vue de compenser les pertes causées par la sécheresse, tandis que les agriculteurs imposent la constitution d’un fonds de marketing dont l’objet serait de « former » les consommateurs tchèques en les appelant à préférer les pommes de terre locales. Ceci même en temps de pénurie.