Presse : l’incendie de forêt en Suisse de Bohême tel un signal d’alarme climatique

L’incendie de forêt en Suisse de Bohême

Pendant toute cette semaine, les médias tchèques se sont intéressés notamment au feu de forêt qui ravage le parc national de la Suisse de Bohême. Son retentissement fait également la une de cette nouvelle revue de la presse. L’importance de la crédibilité d’un président de la République par temps de crise est également abordée. Une brève remarque est consacrée aux candidats à la prochaine présidentielle qui sont donnés favoris par les sondages. Quelques mots ensuite sur le compositeur baroque tchèque Josef Mysliveček, dont la musique a été mise à l’honneur au Festival de Salzbourg.

La fréquence sans précédent des feux de forêt a-t-elle un lien avec la crise climatique ? Le publiciste du quotidien Deník N répond par l’affirmative, tout en admettant que l’incendie qui ravage depuis plusieurs jours le parc national de la Suisse de Bohême, dans le nord du pays, a été très probablement le fruit de la négligence humaine. Il observe également :

« Certes, les feux de forêt existent depuis toujours. Ces derniers temps, ils sont pourtant plus fréquents et plus dévastateurs que dans le passé. Cette année, la situation devient grave même en Europe, car à ce jour, le continent en a déjà enregistré près de 1750. L’incendie qui s’est déclaré cette semaine en Suisse de Bohême ne fait pas partie des plus étendus. Il a pourtant employé des centaines de sapeurs-pompiers, causé de graves dégâts, provoqué des évacuations. Dès lors, il nous oblige tous à réfléchir sur ses causes et sur ses contextes. »

L’éditorialiste de Deník N indique qu’en Tchéquie, chanceuse en termes de situation géographique, seuls les agriculteurs, les forestiers et les scientifiques locaux percevaient jusque-là la crise climatique comme un problème pertinent. La population urbaine, quant à elle, pouvait se permettre de l’ignorer. « Or, la fumée qui s’est propagée depuis la Suisse de Bohême sur une grande partie du territoire est un signal qui montre que la situation a effectivement changé », souligne-t-il en conclusion.

La voix des contestataires du changement climatique va-t-elle s’affaiblir?

Toujours en rapport avec cet événement dramatique, le commentateur du site Seznam zprávy a rappelé que les personnalités politiques qui mettaient en garde contre l’aggravation de la crise climatique faisaient encore récemment fréquemment l’objet de risée et de calomnies en Tchéquie. Néanmoins cette approche, selon lui, est terminée :

Photo illustrative: Alexas_Fotos,  Pixabay,  Pixabay License

« Evidemment, il y aura toujours des gens qui admettent l’existence des changements climatiques tout en refusant la responsabilité de l’activité humaine. Mais dans la mesure où le nombre d’inondations, d’incendies, de chaleurs extrêmes, de tornades et de tempêtes augmentera, leur voix continuera à s’affaiblir. Ce sont en revanche les appels à des solutions qui deviendront de plus en plus puissants. On a affaire à un tournant historique. »

Un parti ou un mouvement osera-t-il dire aux gens, ouvertement et sans détour, que concilier la croissance économique incessante avec les impératifs écologiques est impossible ? Pour le journaliste, cette question s’avère plus urgente et d’une plus grande actualité que jamais.

Chute de la confiance envers le président de la République

Par temps de crise, le chef de l’Etat représente une figure importante appelée à unir et à calmer la société. Une condition qui n’est pas accomplie en Tchéquie, mais dans ses pays voisins. L’auteur de ce constat, dressé dans un texte publié sur le site aktualne.cz, explique :

Miloš Zeman | Photo: Michaela Danelová,  ČRo

« Selon la dernière enquête de l’agence CVVM, le président Miloš Zeman est crédible pour 28% des Tchèques seulement. Impossible évidemment de faire une comparaison, par exemple, avec le début du premier mandat présidentiel de Václav Havel, au début des années 1990, pendant lequel celui-ci jouissait d’une confiance se situant autour de 90%, car c’était une période exceptionnelle. Toutefois, le prestige et la dignité de la fonction présidentielle garantissaient régulièrement que la cote de popularité d’un chef de l’Etat ne baisse jamais au-dessous de 50%. Même l’actuel président Zeman a réussi, pendant ses deux mandats, à accomplir ou même à dépasser ce critère. Depuis l’an 2020, cependant, on assiste à une chute irrésistible de sa popularité ».

« Désormais, la Tchéquie est représentée par un président dépourvu de confiance », écrit le journaliste, avant de rappeler  que d’ici quelque six mois, on connaîtra le nom de son successeur, dont le rôle consistera à rendre à cette fonction le respect qui lui appartient. Le problème, selon lui, c’est que la société tchèque a besoin d’un président digne de ce nom en ce moment précis, au moment de la crise.

A moins de six mois de l’élection présidentielle tchèque, les sondages favorisent Andrej Babiš

S’agissant de la prochaine élection présidentielle qui aura lieu en Tchéquie en janvier 2023, l’auteur d’une note publiée sur le site info.cz a remarqué :

Andrej Babiš | Photo: ČT24

« A quelque mois de la présidentielle au suffrage universel direct, la troisième dans l’histoire du pays, le terrain politique paraît clair et transparent. Les enquêtes, dont tout dernièrement celle de l’agence Ipsos, favorisent l’ex-Premier ministre Andrej Babiš, leader du mouvement ANO, qui sortirait vainqueur du premier tour, suivi du général Petr Pavel. Les deux ont une grande avance par rapport aux autres candidats en lice, supposés ou confirmés. Cela dit, il serait prématuré de prétendre que l’un ou l’autre succédera à l’actuel président Miloš Zeman, car la Tchéquie a devant elle un automne et un hiver particulièrement dramatiques, tant sur le plan économique que social. Une perspective qui pourra influencer d’une manière imprévisible les décisions des électeurs et conférer au duel prévu un nouveau dynamisme. »

Le journaliste fait également part de ce que le cabinet de Petr Fiala n’a pas encore annoncé le nom de son éventuel candidat. Et d’ajouter sur un ton ironique qu’« il ferait peut-être mieux de renoncer à une telle intention, car sa popularité auprès d’une grande partie du public est faible ».

Le compositeur Josef Mysliveček mis à l’honneur à Salzbourg

Le quotidien Lidové noviny de ce mardi a fait part du grand succès remporté au traditionnel Festival de Salzbourg de cette année par l’ensemble tchèque Collegium 1704 qui a présenté devant une salle enthousiaste l’oratoire Abramo ed Isacco du compositeur baroque tchèque, Josef Mysliveček. « La présentation de l’œuvre à ce prestigieux festival représente un événement extraordinaire », a-t-il écrit avant de préciser :

Collegium 1704 | Photo: Petra Hajská,  Archives de Collegium 1704

« Précédemment, Collegium 1704 placé sous la baguette de son chef Václav Luks avait produit à Salzbourg des musiques de Jan Dismas Zelenka. Avec Josef Mysliveček, il continue à faire redécouvrir d’autres grands compositeurs baroques d’origine tchèque qui se sont fait remarquer de leur vivant à l’étranger. Un compositeur très populaire à l’époque, dont la vie est pourtant entourée de nombreux mythes romantiques, faute de sources authentiques disponibles. Une chose est certaine, c’est qu’après avoir remporté de grands succès en Italie et ailleurs en Europe, Mysliveček est décédé en 1781, abandonné et dans la misère. »

En rapport avec l’oratoire Abramo ed Isacco, le journal a mis également en relief  les performances des solistes, parmi lesquelles celle du ténor français Mathias Vidal.

Le compositeur Josef Mysliveček, rappelons-le, sera en outre le protagoniste de Il Boemo, un film en coproduction du réalisateur tchèque Petr Václav, dont la très attendue sortie en salle est prévue pour octobre.