L’Afrique de Libuše et Dana Kyndrová, mère et fille
Jusqu’au 8 mai, la galerie 35 de l’Institut français de Prague expose les très belles photos de Libuše et Dana Kyndrová, mère et fille. Dana Kyndrová a découvert la photo grâce à sa mère, elle est à l’origine de cycles consacrés au retrait des troupes soviétiques de Tchécoslovaquie après 1989 et d’une exposition récente sur Jan Palach. Elle nous rappelle comment sont nées ces photos d’Algérie et du Togo.
« Il y a donc ici deux cycles. Le premier, c’est celui de ma mère, en Algérie, en 1964-65. On était en Algérie parce que mon père y était entraîneur de volley-ball. Elle n’a jamais exposé ses photos, c’est la première fois après 45 ans. L’autre cycle, c’est le Togo, ce sont des photos que j’ai faites quand j’avais 20 ans. J’étais au Togo avec mes parents où mon père entraînait de nouveau une équipe de volley. Les photos du Togo ont à l’époque été ma première exposition à Prague en 1976. C’étaient mes premières photos. Après 33 ans, je les expose à nouveau. Il y a un an, j’ai parlé avec la directrice de l’Institut français qui a eu l’idée de les exposer à l’occasion des Journées de la francophonie. Et voilà... »
Et ça tombait bien d’ailleurs puisque vendredi soir, l’auteur togolais Rodrigue Norman présentait une des ses pièces de théâtre. Nous aurons l’occasion d’y revenir très prochainement.
Parmi les clichés exposés par Dana Kyndrová du Togo, il en est un qu’elle apprécie particulièrement, celui de deux enfants :
« J’aime beaucoup cette photo, c’est à l’école coranique. Si au Maghreb vous voulez photographier l’école coranique c’est très difficile, mais au Togo les musulmans sont différents de ceux d’Afrique du Nord. A l’époque j’avais pu entrer sans problème. La lumière est très belle... »
Dana Kyndrová a plutôt photographié des scènes du quotidien, une tâche pas forcément aisée d’ailleurs, quand on sait que l’une des qualités principales d’un photographe, c’est de savoir se faire oublier :
« En Afrique noire, tout se passe dans la rue, c’est pourquoi j’ai choisi de prendre mes photos là. Les gens étaient très gentils. Je ne sais pas comment c’est aujourd’hui. Mais le fait d’être européenne m’a posé des problèmes, parce qu’on vous remarque toujours... Vous êtes avec un appareil, vous êtes blanche, c’est un problème pour un photographe. Je n’aime pas les photos où les personnes regardent l’objectif. Je préfère quand c’est plus naturel. C’était donc très difficile. Je photographie depuis 33 ans mais je dois dire que photographier au Togo a été le plus difficile ! »
Si les photos de Dana semblent avoir capté le mouvement et l’activité, celles de sa mère Libuše ont un aspect plus contemplatif. Comme si parfois, le temps s’était arrêté...
« Dans les photos d’Algérie de ma mère, on voit notamment Ghardaïa, c’est le commencement du Sahara. Actuellement, je suis parfois guide également. Il y a deux ans, je suis allée en Algérie, là-bas justement, et on dirait que ça n’a pas changé depuis... »