Last Train Home : bientôt un jeu vidéo sur l’épopée des légionnaires tchécoslovaques en Russie
Last Train Home, c’est le titre d’un nouveau jeu vidéo qui voit le jour actuellement, et qui se concentre sur un épisode particulièrement aventureux de l’histoire tchèque : l’épopée des légionnaires tchécoslovaques coincés dans la Russie en proie à la guerre civile pendant la Première Guerre mondiale, et qui n’ont pu rentrer en Tchécoslovaquie qu’après un périple de trois ans à travers la Sibérie et au-delà.
C’est dans un nouveau studio installé à Brno, Ashborne Games, que le jeu Last Train Home, est en train d’être finalisé avec pour objectif une sortie d’ici la fin de l’année. Un nouveau studio, mais composé de développeurs expérimentés qui ont travaillé sur des jeux phares de la scène vidéoludique tchèque comme Arma ou Mafia.
Si de nombreux jeux vidéo tchèques ont souvent pris pour cadre de leur action le Moyen Age et notamment, les guerres hussites, cette fois, c’est à un chapitre particulièrement passionnant de l’histoire militaire tchèque bien plus récente que Last Train Home s’attaque : en 1917, lorsque survient la révolution bolchévique, ce sont quelque 50 000 volontaires tchécoslovaques qui avaient décidé de combattre l’Autriche-Hongrie pendant le conflit, qui se retrouvent isolés en Russie. Le seul moyen pour eux de rejoindre l’Europe est… de faire le tour du monde, comme l’explique Petr Kolář du studio Ashborne Games :
« Après la Première Guerre mondiale, les légionnaires tchécoslovaques ont réussi à contrôler la quasi-totalité du Transsibérien. C’est pourquoi nous avons décidé de recréer l’histoire de ce dernier train fictif en provenance des environs de Moscou. Comme les soldats ne pouvaient pas aller plus à l’ouest pour rentrer chez eux, ils ont dû prendre la direction de l’est. Sur quelque 9 000 kilomètres, ils ont traversé toute la Sibérie jusqu’à Vladivostok, puis de Vladivostok en bateau à vapeur vers l’Amérique et de l’Amérique vers l’Europe, afin de pouvoir participer à la lutte pour l’indépendance de la Tchécoslovaquie. »
Dans Last Train Home, le joueur incarnera le commandant d’un train blindé traversant la Russie, avec pour mission de ramener ses hommes dans le nouvel Etat tchécoslovaque né des cendres de l’empire austro-hongrois et pour lequel ils se sont battus. Le joueur se retrouve confronté à de nombreuses décisions difficiles, au rationnement de la nourriture, à la réparation et la maintenance des trains ou à des événements surprises en cours de route.
Un des principaux attraits du jeu réside, selon les critiques de jeux vidéo, dans les missions tactiques en temps réel, dans lesquelles le joueur contrôle un petit groupe de soldats lors d’affrontements avec l’ennemi. Petr Kolář :
« Dans le jeu, vous avez plusieurs métiers de combat tels que fusilier, mitrailleur ou grenadier. De même, il existe des professions qui s’occupent du train. Il y a le cuisinier ou l'homme qui s’occupe du charbon dans la chaudière. Tous ces métiers peuvent être combinés dans le jeu. »
Et pour coller au mieux à l’histoire de ces légionnaires pris dans la tourmente de la révolution russe, les développeurs ont également fait appel à Jiří Charfreitag, à l’origine du projet Legiovlak qui, depuis 2015, qui sillonne régulièrement la Tchéquie pour rappeler le destin fou de ces légionnaires :
« Depuis 2021, je fais des recherches sur des évènements historiques particuliers, sur l’aspect des uniformes, sur ce que les légionnaires ont pu utiliser. C'est une très bonne chose que le studio ait été consciencieux et ait essayé de reproduire les choses telles qu’elles étaient réellement. »
La sortie de ce jeu est l’occasion de rappeler que depuis plusieurs années déjà, la Tchéquie s’est fait une jolie réputation à l’international pour son industrie du jeu vidéo : avec en 2022 un chiffre d’affaires d’environ 7,5 milliards de couronnes, soit une croissance annuelle d’environ 6%, le marché du jeu vidéo ne connaît pas la crise. Et pas même la pandémie de coronavirus n’a affecté ce secteur toujours florissant connu pour des jeux comme Kingdom Come: Deliverance, Arma ou Euro Truck Simulator qui ont contribué à ces succès en République tchèque comme à l’étranger.
Selon l’Association des développeurs tchèques, les studios du pays ont sorti un total de 55 nouveaux titres de jeux en 2021. En 2022, 135 studios opéraient en Tchéquie, employant environ 2 300 personnes. La grande majorité de ces jeux sont vendus à l’étranger. L’industrie elle-même est clairement axée sur l’export avec plus de 95 % de la production tchèque destinée au marché mondial. Reste à savoir si le sujet très tchèque de Last Train Home saura conquérir également le public international des gamers.