L’Avent dans la Vallée de Christophe
Direction aujourd’hui une petite commune dans le nord de la Bohême au nom poétique de Kryštofovo údolí, la Vallée de Christophe. Ce village de 250 habitants, non loin de Liberec, est depuis 2002 classé réserve protégée pour son architecture paysanne que des milliers de touristes viennent admirer chaque année. La Vallée de Christophe est également connue pour son horloge astronomique qui est l’unique horloge paysanne en République tchèque, et par sa crèche en plein air dédiée à la commune par le peintre Josef Jíra surnommé le « Chagall tchèque ». Depuis le week-end dernier, la crèche est illuminée et ses figurines mises en mouvement, et les visiteurs peuvent l’admirer jusqu’à la fête des rois mages.
« Cette année, c’est la dixième fois que nous inaugurons l’Avent de cette façon. Une nouvelle tradition, très agréable, est ainsi née : j’aime m’arrêter devant la crèche lorsque je rentre, le soir, et c’est plus beau encore quand il y a de la neige… »
Outre la crèche, la Vallée de Christophe attire les touristes par son horloge originale. Martin Chaloupka auquel on a confié l’illumination de la crèche est le père spirituel de cette horloge et, à la fois, son architecte, son bâtisseur et son investisseur. L’horloge a été aménagée dans la tour d’un ancien poste de transformation électrique voué à la démolition :« Deux figurines seulement de cette horloge sont statiques : sainte Barbe et saint Christophe, les autres bougent, comme ce veilleur qui porte aux lèvres sa trompette pour sonner l’heure, ou ce petit chien qui court autour de lui. »Vingt-deux figurines composent cette horloge : hormis sainte Barbe, patronne des mineurs – car une colonie de mineurs a été fondée dans la vallée en 1528, et saint Christophe en tant que patron de la commune, toutes les autres statuettes sont mobiles. Le départ est donné par le veilleur qui sonne l’heure, donnant le signal à une activité primordiale à la campagne : le nourrissage des animaux domestiques comme les vaches, les poules et les oies. La scène continue par une image connue des autres horloges : l’apparition des douze apôtres.
En 2006, Martin Chaloupka a obtenu le feu vert des autorités à la réalisation d’une horloge paysanne, ainsi qu’une dotation pour l’achat de la partie mécanique de l’horloge et de deux cloches. Son œuvre minutieusement travaillée jusqu’aux moindres détails tels que le pompage d’eau dans la partie inférieure du relief et l’installation d’un cadran solaire sur la façade sud, a été pour la première fois présentée au public le 1er décembre 2007. Tous les éléments ont été fabriqués par le serrurier du village et l’horloge n’aurait pas pu être achevée sans l’aide de l’atelier de forge :« C’est l’œuvre du forgeron d’art Jan Nikenday qui est aussi, entre autres, l’auteur du chevalier qui orne la mairie de la ville de Liberec. »
L’horloge sonne tous les quarts d’heure, le signal étant transmis par satellite.
La commune de Kryštofovo údolí se compose de trois parties longeant la vallée de la rivière Neisse. D’après la légende, la commune s’appelle d’après le charbonnier Christophorus, le premier homme venu s’installer dans cette vallée riche en minerai de plomb et de fer. Cette exploitation a cessé après 1750 pour être remplacée par la calcination de la chaux et du bois. 1859 a été un tournant dans la vie de cette commune à l’écart du monde, avec la construction d’un viaduc sur la ligne reliant Liberec et la ville de Saxe, Zittau. Avec ses 30 mètres de hauteur, 200 mètres de longueur et ses 14 arcs, le viaduc représente un monument technique remarquable. La Vallée de Christophe, nous l’avons dit au début, est classée site protégé pour son degré de conservation de l’architecture populaire typique de la région des Sudètes. En premier lieu, citons l’église baroque de Saint-Christophe, de 1683. C’est en fait l’unique construction à colombage recouverte d’ardoise qui se soit conservée dans la région. Les murs et le plafond de l’église sont ornés de quinze fresques représentant la vie du Christ. Le cimetière local est tout à fait unique en son genre avec ses peintures représentant le thème de la danse macabre. Des vestiges du cycle culminant par un « memento mori » – locution latine signifiant « souviens-toi que tu mourras », sont encore visibles sur les murs. Cette forme d’expression artistique était le résultat d’une réflexion sur la vie et la mort à une période où celle-ci était plus présente et plus traumatisante, par exemple durant les guerres, les famines et la peste, des épreuves qui n’ont pas épargné la vallée. A deux pas du cimetière, un atelier de céramique de Jaroslav Lada se trouve dans la paroisse baroque. Une autre surprise nous attend dans l’auberge « Chez Christophe ». Au premier étage, une exposition de plus d’une vingtaine de crèches, matériaux, dimensions et époques confondus. La plus ancienne d’entre elle porte la date de 1848. Il y a des raretés comme la crèche Müller de style oriental ou encore une partie de la crèche mécanique de Franz Pohl du Tyrol. Cette exposition est permanente et se visite pendant les week-ends.