Le 1010e anniversaire de la fondation de l'abbaye de Brevnov

L'abbaye de Brevnov

Le 14 janvier, nous avons commémoré le 1010e anniversaire de la fondation, en l'an 993, de la première abbaye bénédictine dans les pays tchèques. Elle a été fondée à l'église Sainte-Marguerite de Brevnov par saint Adalbert, évêque de Prague d'alors, et le prince Boleslav II. A l'occasion du millénaire de la mort de saint Adalbert, en 1997, l'archiépiscopat bénédictin Saint-Adalbert et Sainte-Marguerite de Brevnov a reçu une visite des plus précieuses. L'atmosphère solennelle des festivités a été marquée par la présence de Sa Sainteté Jean-Paul II. Voici donc l'histoire de l'abbaye de Brevnov et celle de ses fondateurs.

Homme d'une érudition extraordinaire et d'une grande largeur d'esprit, saint Adalbert fut une personnalité qui a devancé son temps. A la différence de son prédécesseur, Venceslas, qui demeure un saint purement tchèque, le renom de saint Adalbert a dépassé les frontières des pays tchèques. Les Tchèques et les Polonais l'honorent comme patron national, les Hongrois comme apôtre de Hongrie et le pape Paul VI le proclama, en 1965, principal patron de l'archidiocèse de Prague. Adalbert, Vojtech de son propre nom, est né autour de 956, tout probablement au château de Libice nad Cidlinou, siège de la famille princière des Slavnik, propriétaire de nombreux domaines en Bohême de l'est et grand rival des Premyslides. Quant à son prénom Adalbert, il le doit au futur archevêque de Magdebourg, Adalbert. Selon une légende, en revenant d'une mission en Russie, ce dernier a fait escale à Libice pour confirmer le jeune Vojtech sous le nom d'Adalbert. Depuis, Vojtech est connu dans le monde entier surtout sous son nom de confirmation. Vojtech, qui était un enfant maladif, a choisi la carrière ecclésiastique. En 972, ses parents l'envoient étudier à Magdebourg où il passe neuf ans sous la tutelle d'Adalbert. Le 19 janvier 982, quinze jours seulement après la mort du premier évêque de Prague, Detmar, Adalbert est nommé son successeur. Il part pour l'Italie où il reçoit l'investiture pour pouvoir être nommé à ce poste par l'empereur Otto II. Après son retour de Rome, le nouvel évêque s'est mis tout de suite au travail mais sa mission religieuse n'était point une partie de plaisir. Partout il se heurtait à des obstacles. La société qui se disait chrétienne mais qui menait en réalité une vie semi- paiënne refusait de respecter sa doctrine. Le jeune évêque demeurait de plus en plus limité et isolé dans son travail. Dégoûté par cet état des choses, Adalbert, accompagné de son demi-frère Radim, quitte en 988 le diocèse et part pour Rome. Le pape Jean XIV le libère de ses devoirs d'évêque et Adalbert passe quatre ans en exil volontaire en Italie. Il trouve refuge successivement au monastère des bénédictins à Monte Cassino, au monastère réformateur grec de Valla Luca et au monastère des bénédictins sur le mont Aventin à Rome. Pendant l'absence d'Adalbert, la situation dans le diocèse de Prague s'aggravait. C'est pourquoi en 992, un groupe de messagers a été envoyé de Prague à Rome pour contraindre Adalbert à rentrer au pays. Adalbert, accompagné de douze moines bénédictins, chargés de l'aider dans sa mission, entre à Prague pieds nus et dans un habit de pénitent. Les Pragois lui réservent un accueil chaleureux.

En 993, Adalbert fonde la première abbaye des bénédictins en Bohême. Voici quelques moments clé de l'histoire de l'abbaye. Dans les années 1035-1089, l'abbé Menhart fait construite sur l'emplacement de l'abbaye actuelle une église de pierre, dont la crypte s'est conservée jusqu'à nos jours. De cette période date aussi la légende du pèlerin Guntherus qui y gît. Saint Gunterus, descendant des comtes impériaux de Kafembourg, est né en 955. En 1012, il fonde l'abbaye de Rinchnach et trente ans plus tard il se retire dans l'isolement à Dobra Voda en Bohême occidentale. Après avoir reçu le sacrement de l'évêque de Prague Sebir, Gunterus est mort dans son ermitage, en 1045. L'abbé Menhart fait transporter sa dépouille à Brevnov. En 1262, le roi Béla II de Hongrie offre à l'abbaye les reliques de la sainte Marguerite, patronne de la basilique archiépiscopale. Pendant les guerres hussites l'abbaye connaît une période difficile, la communauté bénédictine est contrainte à se retirer à Broumov, une autre abbaye bénédictine tchèque, et l'abbaye de Brevnov est vouée au délabrement. Elle ne retrouve son essor ancien qu'au XVIIIe siècle, sous l'abbé Otmar Zink qui engage des architectes et des artistes les plus renommés, l'architecte Kilian Ignac Dientzenhofer ou le sculpteur Petr Brandl, pour remanier l'abbaye dans le style baroque. En 1945, deux moines de l'abbaye de Broumov où vivent surtout les bénédictins d'origine allemande sont assassinés et le reste chassé de Tchécoslovaquie dans le cadre du transfert. Les moines se retirent à l'abbaye des augustins de Rohr en Bavière. En 1947, Anastaz Opasek devient le soixantième abbé de l'abbaye de Brevnov. La même année, on fête le 950e anniversaire du martyre de saint Adalbert. Après le putsch communiste, en 1948, l'abbé Opasek est arrêté et condamné à perpétuité comme espion du Vatican. Puis, l'abbaye de Brevnov, comme d'ailleurs toutes les abbayes tchèques et moraves, est pillée par la police secrète et les moines transportés à Broumov, à la frontière tchéco-allemande. L'abbaye reprend ses activités en 1990. Deux ans plus tard, on commémore le millénaire de sa fondation. L'abbé Opasek est mort en 1999. A nos jours, environ treize moines vivent dans l'abbaye de Brevnov.

A l'occasion du 1010e anniversaire de la fondation de l'abbaye de Brevnov, une messe solennelle a été célébrée le 14 janvier à l'église Sainte-Marguerite. Pour plus de détails sur les festivités, j'ai téléphoné à Eva Solcova, chargée des relations avec les médias.

« La messe solennelle a été célébrée par l'abbé et primat Notker Wolf de Rome. Dans son sermon, il s'est consacré notamment à la personnalité et au legs de saint Adalbert, fondateur de l'abbaye. Saint Adalbert a apporté de Rome non seulement la foi qu'il propageait pendant toute sa vie, mais aussi la culture liée à l'observance de saint Bénoît. « Ora et labora » (Prier et travailler), tel est ce legs que tous les bénédictins respectent et qui dirige leurs pas sur cette planète. »

La messe solennelle a été accompagnée des chants liturgiques interprétés par l'ensemble Schola Gregoriana Pragensis. Ces chants nous ont accompagnés aussi pendant ce programme.

Auteur: Astrid Hofmanová
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