Le 25 septembre prochain, nous fêterons le centenaire de Jaroslav Jezek

Jaroslav Jezek

Un conservatoire Jaroslav Jezek, un festival automnal de jazz à Prague rendant hommage à Jezek, l'appartement de Jaroslav Jezek aménagé en musée qu'on peut visiter à Prague, rue Kaprova, un film intitulé « Le monde en bleu foncé » d'après sa chanson la plus célèbre : tel est le principal message que nous a laissé de sa vie interrompue à 35 ans, Jaroslav Jezek, compositeur, pianiste, fondateur de la musique de jazz et de danse tchèque moderne. Le 25 septembre prochain, nous célébrerons le centenaire de sa naissance.

Jaroslav Jezek était un destin et un talent exceptionnels. Frappé de cécité et souffrant de problèmes d'audition, il a créé, malgré ce destin, une oeuvre qui le dépasse ainsi que son époque. Déjà lors de ses études de composition et de piano au Conservatoire de Prague, il commence à composer. En 1927, un mécène lui offre un séjour d'un an à Paris et c'est là-bas que Jaroslav Jezek rencontre de près le jazz. Un tournant décisif se produit un an plus tard quand il devient collaborateur du fameux duo de comédiens Voskovec-Werich. Au cours des dix années à venir, il compose la musique pour leur scène d'avant-garde - le Théâtre libéré, ainsi que pour leurs nombreux films. Il n'oublie pas non plus la création classique pour piano, archet et orchestre, et compose des oeuvres novatrices utilisant le potentiel du jazz.

La carrière de ce génie est interrompue en 1938 avec la fermeture du Théâtre libéré. Avec Werich et Voskovec auxquels il est uni, outre la création musicale, par des attitudes anti-fascistes, il s'exile aux Etats-Unis où ses compatriotes lui réservent un accueil chaleureux. Il y dirige un choeur et rencontre sa future femme, Francis, qu'il épouse quelques jours avant sa mort, le Jour de l'An 1942, à l'âge de 35 ans. Comme si sa prédiction prononcée sur Mozart, dont il était un grand admirateur, s'était accomplie : « J'ai peur de mourir aussi jeune que lui... »

George Gershwin était un autre compositeur que Jaroslav Jezek admirait, pour sa Rapsodie en bleu notamment, devenu la couleur de Jezek : en effet, à cause de la leucome dont il souffrait, il percevait le monde comme un univers bleu foncé : il écrivait sur des papiers bleus, portait des costumes bleus et le bleu apparaît aussi dans le titre de l'une de ses chansons devenue la plus connue grâce au film du même nom « Le monde en bleu foncé », racontant l'histoire des pilotes tchécoslovaques en Grande-Bretagne et nominé aux Oscars. Le réalisateur Jan Sverak en dit :« La musique de Jaroslav Jezek est à même d'exprimer ce que parfois le dialogue n'arrive pas : la déception, l'amertume et la conciliation. »