Le 80e anniversaire de la fin des travaux de construction de la cathédrale Saint-Guy
Un litige sur les droits de propriété jette une ombre sur le 80e anniversaire de l’achèvement de la construction de la cathédrale Saint-Guy, dominante du château de Prague et haut lieu de l’histoire nationale. C’est le 12 mai 1929 que la construction de la cathédrale, commencée en 1344, a été achevée.
Les deux flèches élancées hautes de 82 mètres et une importante partie de la nef intérieure de la cathédrale n’ont été ajoutées au dôme gothique que plus de 500 ans après le début des travaux. La construction de l’édifice a été entreprise par le roi Charles IV, après que son père, Jean de Luxembourg, a réussi à faire passer Prague au rang d’archevêché. Entamée par l’architecte français Mathieu d’Arras, elle a été poursuivie par Petr Parler, qui a érigé la tour principale, recouverte au XVIIe siècle par un bulbe baroque.
L’idée de l’achèvement de la cathédrale voit le jour au milieu du XIXe siècle, pendant la période dite de l’« Eveil national » qui cherche à renouer avec les racines de la nation tchèque. Symbole de l’Etat, la cathédrale revêt alors une signification profondément nationale, comme l’explique l’historien Jaroslav Šebek :
« Pour la majorité de la société tchèque, la cathédrale représentait un chef-d’œuvre artistique national, le lieu du couronnement des rois, le lieu où sont gardés les joyaux de la couronne, et qui est à la fois le lieu du dernier repos des souverains tchèques, dont Charles IV, fondateur de la cathédrale. »
« L’inauguration solennelle pour le grand public a eu lieu le 28 septembre, en présence des dignitaires de l’Eglise catholique et des ministres. L’absence du président Masaryk illustre la divergence dans la perception de la cathédrale – en tant que symbole spirituel et religieux d’une part, et en tant que symbole de la nation et de l’Etat de l’autre. »
Ce conflit se reflète aussi dans le litige pour les droits de propriété de la cathédrale Saint-Guy, nationalisée en 1954 sur décision du régime communiste. Le différend dure depuis déjà 17 ans. Au mois de mars dernier, la Cour suprême a confirmé sa décision de 2007 selon laquelle la cathédrale appartenait à l’Etat. L’Eglise catholique est toutefois déterminée à continuer la bataille et à déposer une requête à la Cour constitutionnelle.
