Le cardinal Josef Beran face à deux totalitarismes
Une statue dédiée au cardinal tchèque Josef Beran a été dévoilée, lundi, devant le séminaire archi-épiscopal dans le quartier de Dejvice à Prague. Une façon de rappeler et de rendre hommage à l’une des figures marquantes de l’histoire nationale du XXe siècle. Le cardinal Miloslav Vlk explique :
Prêtre et professeur de théologie, Josef Beran a été victime de persécutions tant sous le nazisme que sous le régime communiste. Arrêté après l’attentat contre Reinhard Heydrich en 1942, il a été détenu dans les camps de concentration de Terezin et de Dachau. Devenu après la fin de la Deuxième Guerre mondiale archevêque de Prague, sa position face aux autorités communistes qui ont pris le pouvoir en février 1948 a été catégorique : l’Eglise catholique n’allait pas se soumettre à leur dictat.
Jusqu’au début des années 1960, Josef Beran a été rigoureusement poursuivi par la police d’Etat, ce qui lui a valu des internements à différents endroits du pays et l’interdiction de séjourner à Prague. En 1965, le pape l’a nommé cardinal. Autorisé à se rendre à Rome, il n’a pas eu en revanche la possibilité de retourner dans son pays d’origine. C’est donc à Rome que le cardinal Beran a passé le reste de sa vie pour participer activement au légendaire Concile Vatican II. Il est mort en mai 1969.
Pour le cardinal Miloslav Vlk, le legs de Josef Beran est toujours d’actualité :
« Même quand on a acquis la liberté, il y a lieu de défendre les valeurs qui étaient les siennes. Nous pouvons voir qu’aujourd’hui, vingt ans après la chute du régime communiste, nous devons faire face à l’agressivité, à l’extrémisme, à l’hostilité à l’égard des minorités et à beaucoup d’autres phénomènes néfastes encouragés par la haine. L’histoire nous enseigne qu’avec la haine et le mensonge il ne faut pas faire de compromis ».La dépouille de Josef Beran repose dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, à Rome, lieu de repos des papes. Cet honneur n’a jusqu’ici été réservé à aucun autre Tchèque.