Le château gouvernemental de Kolodeje changera de propriétaire

Château de Kolodeje, photo: CTK

Un nouveau chapitre s’inscrivant dans la série des restitutions des biens confisqués auparavant par le régime communiste à leurs propriétaires d’origine, défraie depuis quelques jours la chronique. Point étonnant, car le verdict prononcé par la Cour de justice du IXe arrondissement de Prague touche un château qui servait aux fins du gouvernement.

Château de Kolodeje,  photo: CTK
Kolodeje, château baroque situé près de Prague, a été édifié en 1710. Son dernier propriétaire, Antonin Kumpera, l’a acheté avant la Deuxième Guerre mondiale, après qu’il ait servi comme résidence estivale au président T.G. Masaryk. Confisqué par l’Etat en 1948 en vertu des Décrets Benes, le château a été par la suite affecté au ministère de l’Intérieur qui y a constitué une école des services de sécurité nationale et, en sous-sol, une prison pour prisonniers politiques. En 1955, il a été placé sous la gestion du Bureau du gouvernement. Ces dernières années, le château de Kolodeje – rarement ouvert au public - accueillait des réunions ministérielles « ambulantes ». S’y tenaient également conférences, congrès, séminaires.

Deux ans après la chute du régime communiste en 1989, les héritiers de Kumpera ont fait une demande de restitution du château, une procédure qui a traîné pendant de longues années. Actuellement, la Cour de justice a décidé que l’édifice, ainsi que d’autres bâtiments adjacents, leur soient restitués. Pour le juge Jiri Maly, le verdict est une preuve de l’indépendance de la justice :

« Je pense que le public appréciera que la Cour ait pris une décision qui s’oppose à la position du gouvernement. Je suis content qu’il en soit ainsi. Pour moi, c’est une preuve que la Cour a pris sa décision en plein respect du droit, une preuve de ce que la justice dans le pays est indépendante ».

Vitezslav Kumpera,  photo: CTK
Le verdict de la Cour n’est pas encore légalement valable. Le gouvernement veut faire appel. Jana Bartosova, porte-parole gouvernemental, estime que ce n’est pas seulement son droit, mais également son devoir, tout en ajoutant :

« Depuis un an, nous n’avons pas utilisé le château de Kolodeje, justement en attendant le verdict du tribunal. Le gouvernement fera appel, mais je tiens à souligner que nous respecterons pleinement la décision définitive dès qu’elle entrera en vigueur. »

La Cour de justice a décidé en faveur de Vitezslav Kumpera, petit-fils d’Antonin, estimant que l’Etat aurait abusé en 1948 des Décrets Benes et que la confiscation était illégale. Le nouveau propriétaire ne s’apprête pas à habiter le château de Kolodeje, comptant le transformer en un musée de famille.