Le chef de gouvernement tchèque a manifesté son regret des torts subis par les Allemands des Sudètes
Le premier ministre tchèque Petr Nečas a visité les 20 et 21 février la Bavière et a été le premier chef de gouvernement tchèque à prendre la parole devant le parlement bavarois. Cette visite officielle, qui a fait resurgir les problèmes des rapports compliqués entre Tchèques et Bavarois, semble être un bon présage pour leur future collaboration.
Dans le cadre de sa visite, Petr Nečas s’est rendu entre autres dans l’ancien camps de concentration de Dachau ainsi que dans le Centre pour l’aéronautique et la cosmonautique d’Oberpfaffenhofen qui développe les installations pour le système de positionnement par satellites européen Galileo, dont le centre se trouve à Prague. Le premier ministre tchèque a également prononcé devant le parlement européen un discours consacré à la question de l’identité dans les rapports de voisinage tchéco-bavarois. Il a évoqué entre autres une des questions les plus sensibles de ces rapports – l’expulsion des Allemands des Sudètes après la Deuxième Guerre mondiale. Dans son discours il a pratiquement cité un passage de la Déclaration signée en 1997 par l’Allemagne et la République tchèque :
« Nous regrettons que l’expulsion des Allemands des Sudètes de la Tchécoslovaquie après la Guerre, l’expropriation de leurs biens et la suppression de leur citoyenneté, aient causé beaucoup de torts et de souffrances aux gens innocents, et cela aussi à cause de l’application du principe de la culpabilité collective. Nous sommes également conscients de l’apport essentiel de la population de langue allemande des pays de la couronne tchèque pour le développement économique et culturel de ces pays au cours de leur histoire. »Selon le premier ministre tchèque il est cependant impossible de revenir en arrière car il est évident que nous ne sommes pas capables de redresser les torts commis dans le passé. Et Petr Nečas de constater que les deux parties peuvent certes rechercher une interprétation commune des événements historiques, ce qui peut leur apporter une satisfaction morale, mais que les rapports de propriété d’avant guerre ne peuvent être rétablis.
Le discours a suscité une vague de réactions dans les milieux politique et dans les médias. La presse allemande salue ces paroles comme un important geste de réconciliation. Le discours a été apprécié par le premier ministre bavarois Horst Seehofer, le chef du Landsmanschaft des Allemands des Sudètes Berndt Posselt et par le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg. Il a été critiqué par contre par le chef du Parti communiste de Bohême et de Moravie Vojtěch Filip. Le publiciste et politologue Jaroslav Šonka rappelle dans ce contexte la situation de la minorité des Allemands des Sudètes en Bavière :
« Le gouvernement bavarois a une conception du peuple bavarois qui se compose de quatre branches. Il s’agit de trois régions de Bavière et la quatrième branche est celle des Allemands des Sudètes. Bien que cela puisse paraître un peu bizarre, cela signifie que la Bavière s’est chargée de la représentation de ce groupe des gens qui avaient perdu leur patrie. »Dans cette optique il est évident que le discours de Petr Nečas devait susciter en Bavière un retentissement positif. Les discussions entre les dirigeants tchèques et bavarois ont également porté sur l'approfondissement des échanges économiques, la coopération en matière d’énergie et dans les infrastructures de transports et sur les questions européennes. A noter que malgré les problèmes du passé, la Bavière est aujourd’hui le destinataire d’un tiers des exportations tchèques vers l’Allemagne. « La Bavière est notre troisième partenaire commercial le plus important après les Etats-Unis et la France, » a constaté devant le parlement bavarois le premier ministre Petr Nečas.