Le chorégraphe Jiří Kylián entre à l’Académie des Beaux-Arts
En avril dernier, le chorégraphe tchèque Jiří Kylián a été élu membre associé étranger à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France. Né en 1947, il a acquis une notoriété internationale comme co-directeur artistique, puis directeur artistique du Nederlands Dans Theater (NDT), de 1975 à 1998 et comme chorégraphe échappant à toute classification. L’élection de Jiří Kylián va de pair avec la création d’une nouvelle section dédiée à la chorégraphie à l’Académie des Beaux-Arts. Le compositeur et chef d’orchestre français Laurent Petitgirard en est le secrétaire perpétuel. Radio Prague lui a demandé pourquoi la danse n’était pas représentée auparavant au sein de cette institution prestigieuse.
Le chorégraphe tchèque Jiří Kylián a été nommé en tant qu’associé étranger. Il prend place dans le douzième fauteuil. Comment s’est fait le choix de Jiří Kylián ?
« L’idée de Jiří Kylián a été immédiatement suggérée par Hugues Gall (ancien directeur de l’Opéra de Paris, ndlr). En dehors du fait qu’ils sont très amis, c’était une évidence. Si vous cherchez actuellement dans le monde, deux des plus grands noms sont Jiří Kylián et William Forsythe. Ce sont des personnages extraordinaires. On a une section ‘associés étrangers’. Ce sont des gens que nous honorons mais qui ne participent pas aux débats. La plupart du temps ils n’habitent d’ailleurs pas en France. C’est une nomination de prestige pour honorer quelqu’un d’extraordinaire. Dans le passé on a eu par exemple Andrzej Wajda. Cela veut dire que Jiří Kylián sera un jour reçu solennellement sous la coupole, avec l’habit vert et qu’ensuite il viendra quand il voudra. Mais il n’est pas associé aux travaux quotidiens de l’Académie comme les sont les académiciens bien sûr. C’est vrai qu’on a aussi pensé qu’au moment où on allait créer une section de chorégraphes français, c’était formidable, au même moment, d’élire comme associé français un des plus grands chorégraphes vivants. Cela donnait un panache à la section de chorégraphie qui allait naître. »
Vous disiez que Jiří Kylián ne serait pas associé aux travaux, mais quel va être son rôle ?
« Quand on dit qu’il ne participe pas aux débats, comprenons-nous bien : un associé étranger peut venir à n’importe quel moment dans nos séances, travailler avec nous, nous faire une proposition, attirer notre attention sur quelque chose etc. Simplement il est moins présent, fatalement, du fait qu’il ne vit pas en France. Ensuite, il ne vote pas. C’est avant tout un statut honorifique, mais un statut qui nous permet d’attirer l’attention. Par exemple, il est évident que cela va être important pour nous de demander à notre nouveau confrère des conseils, son sentiment sur qui nous devons attirer dan parmi les chorégraphes français. Puis, grâce à des mécénats que je suis en train de monter, pouvoir décerner un prix pour des chorégraphes. On demandera à Jiří Kylián d’être dans le jury, de nous faire des suggestions. C’est un extraordinaire grand monsieur de la danse donc il faut faire appel à lui quand il s’agit de choses essentielles et fondamentales. Nous n’allons pas le déranger pour les détails du quotidien. »Pour terminer, rappelez-nous quel est le rôle de l’Académie des Beaux-Arts.
« Son rôle essentiel, malheureusement perdu depuis une vingtaine d’années et sur lequel j’ai retravaillé, c’est de conseiller l’Etat en matière culturelle. A la fois on s’autosaisit de certains problèmes, ou c’est l’Etat qui vient vers nous pour nous demander. A l’heure actuelle, on s’intéresse par exemple à la restitution des œuvres d’art, un sujet important lancé par le président Macron. On gère également des musées, comme le Musée Marmottant à Paris, la maison de Monet à Giverny. Nous avons des fondations, nous recueillons des artistes, nous donnons pour plus d’un million d’euros de prix à de jeunes artistes ou à des artistes confirmés. On a également une importante action en faveur d’artistes dans le besoin, on intervient par le biais de deux commissions de façon très rigoureuse pour aider des gens. On organise également toute une série de conférences dont certaines sont publiques, d’autres uniquement pour nous, de façon à être informés sur tous les sujets artistiques essentiels. »