Le Collectif and then… fait découvrir le « cirque immersif » au public tchèque

'No Man’s Land', photo: Luftartistik Festspiele

L’espace d’une heure, les choses ordinaires deviennent extraordinaires. Les acrobates volent au-dessus de votre tête ou dansent au-dessous de votre chaise. C’est avec ces mots que le Collectif and then… décrit son spectacle de nouveau cirque « No Man’s Land ». Arrivées directement d’une résidence de deux mois à Chicago, les trois jeunes artistes le présenteront en première mondiale ce vendredi au théâtre Mlejn à Prague. Pour parler davantage de cet événement, Radio Prague a rencontré Lucie et Stéphanie N’Duhirahe, deux sœurs originaires de Suisse :

'No Man’s Land',  photo: Luftartistik Festspiele
Le Collectif and then … est un ensemble basé à Londres. Pourtant, vous, Lucie et Stéphanie, vous êtes Suisses. De plus, vous, Stéphanie, vous vivez depuis quelques années en République tchèque. Comment cette collaboration est-elle née et comment fonctionne-t-elle ?

Lucie : « A la base, j’ai fondé le Collectif and then… avec Francesca Hyde qui est Anglaise. Nous nous sommes rencontrées à l’Ecole de cirque de Londres. Nous travaillions en duo sur les cordes et quand nous avons fini l’école, nous nous sommes dit que nous aimerions créer une compagnie qui serait plutôt un collectif qu’un duo. Déjà lors du premier projet que nous avons fait en sortant de l’école, nous avons donc commencé à travailler avec Stéphanie. Et cette collaboration est restée depuis… »

Stéphanie : « Quand nous répétons, nous n’avons pas besoins d’un endroit spécifique. Nous travaillons dans différents lieux. Nous avons par exemple beaucoup répété en République tchèque, au théâtre ‘Mlejn’ ou aussi à l’espace ‘Cirqueon’ à Prague. Nous ne nous entraînons pas tous les jours ensemble, nous fixons des périodes lors desquelles nous nous retrouvons à un endroit pour répéter. C’est la raison pour laquelle ces deux mois à Chicago étaient vraiment super. Nous avons eu deux mois pendant lesquels nous avons été toutes les trois à un endroit. »

'No Man’s Land',  photo: Vojtěch Brtnický
A Prague, vous allez présenter la pièce intitulée « No Man’s Land ». Que racontez-vous à travers ce spectacle ?

Lucie : « Nous voulons que chaque individu ait sa propre histoire. Nous n’essayons pas de donner une vision, il y a plusieurs histoires qui se passent à l’intérieur et chacun va retenir quelque chose de différent. Au début, nous sommes parties d’une idée de limites, quelles sont nos limites, nos frontières et les barrières que nous avons autour de nous. Mais nous nous sommes vite rendues compte que ce qui nous intéressait n’étaient pas vraiment les barrières mais ce qu’il y avait entre les deux frontières. Il y a ce ‘No Man’s Land’. »

Stéphanie : « L’idée était d’explorer qu’est-ce qui est possible dans cet ‘entre-deux-frontières’ où tout est possible parce qu’il n’y a pas vraiment de règles. Il y a des règles de chaque côté mais dans ce ‘No Man’s Land’, il n’y a rien. »

La notion de nouveau cirque est assez vaste. Quelles sont donc les techniques utilisées dans « No Man’s Land » ?

'No Man’s Land',  photo: Luftartistik Festspiele
Lucie : « Il y a beaucoup de cordes où il y a de la technique. Mais nous utilisons la corde aussi de manière différente de ce que l’on a l’habitude de voir dans un numéro de cirque ordinaire où on monte, on fait des figures et on descend. Nous avons passé beaucoup de temps à explorer comment utiliser les cordes différemment. Après, il y a des choses qui sont drôles. Je n’appellerais pas cela du clown mais plutôt de la comédie. Il y a des choses qui sont aussi assez théâtrales. L’idée était de faire quelque chose de… »

Stéphanie : « Immersif. Nous n’avons pas trouvé le bon mot pour l’exprimer aussi en tchèque parce que le ‘cirque immersif’ n’existe pas en République tchèque. Pour l’instant, nous utilisons donc le terme ‘interactif’. Cependant, cela ne veut pas dire que nous allons prendre une personne du public et la forcer à faire des choses sur scène, comme on peut le voir souvent dans des spectacles. L’idée est que les gens fassent partie de ce qui se passe. Ce n’est plus : ‘Je suis le spectateur, je regarde, j’applaudis et c’est fini’. Nous voulons qu’ils soient concernés, qu’ils soient pris dans le monde et dans l’action. C’est un point que nous essayons de développer depuis longtemps mais qui est pourtant difficile à travailler. »

'No Man’s Land',  photo: Vojtěch Brtnický
Lucie : « C’est difficile parce que le spectacle va changer avec les différents spectateurs. Cela ne sera jamais le même spectacle. Souvent, le public ne se rend pas compte, et même moi, quand je suis dans le public, j’oublie à quel point mes réactions à la pièce vont changer ce qui est en train de se passer. Notre idée est de casser cette frontière entre le public et les acteurs pour rappeler aux gens que nous sommes tous en train de vivre ce moment ensemble et que nous sommes tous utiles sur cette pièce. »

Pourquoi avez-vous décidé d’organiser la première justement en République tchèque ?

Lucie : « Tout d’abord, nous avons de très bons contacts avec le théâtre ‘Mlejn’. Ils nous ont toujours beaucoup aidées, supportées et encouragées… Puis, nous connaissons très bien le théâtre. Nous savons comment nous pouvons accrocher nos cordes etc. De plus, nous venons souvent jouer à Prague, Stéphanie est basée ici… Bref, nous avons ici un accès à un lieu qui nous aide. »

Rappelons encore les dates…

'No Man’s Land',  photo: Vojtěch Brtnický
Lucie : « La première mondiale de ‘No Man’s Land’ se tiendra à Prague ce vendredi 13 janvier à 19h30. Ce qui est important, c’est qu’il serait bien que les gens réservent leurs places avant parce que, comme nous l’avons déjà dit, le nombre de spectateurs va introduire pas mal de changement dans l’organisation du spectacle. Et nous avons aussi une générale publique qui se tiendra ce jeudi 12 janvier à 18h00. »

https://vimeo.com/147283177