Le dollar américain à moins de 15 couronnes, l’euro en dessous de 24 couronnes, du jamais vu encore dans l’histoire de la monnaie tchèque. D’après les économistes, cette fois ce sont les banquiers européens qui sont à l’origine de ce renforcement sans précédent de la couronne tchèque.
Il y a quelques temps, c’étaient les spéculateurs sur les places boursières asiatiques qui avaient fait grimper le cours de la couronne tchèque à l’aide de massifs achats. Ce jeudi, le responsable est la Banque centrale européenne qui a décidé de stopper la montée des prix dans le monde entier. En augmentant, pour la première fois depuis plus d’un an ses taux d’intérêts de 0,25 %, elle veut contraindre les citoyens des quinze pays européens de la zone euro à diminuer leurs dépenses et à faire baisser ainsi l’inflation. C’est ce qu’écrit le quotidien économique « Hospodářské noviny » en première page en expliquant comment cette décision influence le cours de la monnaie tchèque. Les spéculateurs en bourse comptent sur le fait que la Banque centrale européenne va continuer à augmenter ses taux d’intérêts et que le dollar va donc continuer à faiblir. Pour cela, la couronne tchèque a renforcé son cours envers la monnaie américaine. D’un autre côté, le chef de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a laissé entendre qu’il n’était pas question d’augmenter les taux d’intérêt cette année encore. Les mêmes spéculateurs ont entendu le signal et se sont jetés sur le dollar de nouveau et la couronne tchèque qui est considérée comme un investissement solide. Le cours de la couronne a grimpé pour établir un nouveau record face à l’euro. Une situation qui préoccupe la Česká národní banka (la Banque nationale tchèque) car elle ne peut pas maîtriser l’inflation galopante dans le pays en augmentant ses taux d’intérêt. La couronne reste donc trop forte en comparaison avec la croissance économique. Et quelles peuvent être les conséquences du renforcement du cours de la monnaie tchèque ? Réponse de Luděk Niedermayer, ancien vice-gouverneur de la Česká národní banka :
« Cela commence à créer une forte pression sur les entreprises et certaines d’entre-elles ne pourront pas résister. La croissance économique pourrait se ralentir et cela pourrait conduire à une augmentation du taux de chômage, à un ralentissement de la croissance des salaires. Ce ne sont pas de bonnes perspectives même pour les citoyens qui sont heureux, surtout actuellement en période estivale, de pouvoir acheter des séjours de vacances très bon marché. »
D’après l’économiste de la Česká spořitelna (la Caisse d’épargne tchèque), David Navrátil, la couronne pourrait grimper jusqu’à 23,50 l’euro, mais devrait revenir à 24,50 à l’automne. Il n’exclut pas, pourtant, que grâce aux spéculateurs l’euro puisse s’acheter à seulement 22 couronnes. Dans ce cas, il affirme que ce serait un gros choc pour l’économie tchèque et surtout les exportations qui souffrent déjà beaucoup du taux élevé de la monnaie tchèque.