Le coût d’un appel en République tchèque serait l’un des plus élevés d’Europe

Le prix d’un appel sur le réseau de téléphonie mobile en République tchèque serait le plus cher d’Europe alors que la qualité du réseau qui couvre le territoire tchèque est l’un des plus mauvais des pays de l’OCDE. En outre, les investissements réalisés ces dernières sont les plus faibles au regard de ceux effectués par les opérateurs de téléphonie mobile dans le reste de l’Europe centrale. Les trois opérateurs présents sur le marché tchèque ont pourtant enregistré des bénéfices record ; illustrant l’absence d’une réelle concurrence entre les opérateurs. C’est qui ressort d’une étude réalisée par le Centre d’information (Informační institut) et rendue publique jeudi dernier.

Le marché de la téléphonie mobile serait en situation d’oligopole. C’est-à-dire que la concurrence entre les trois opérateurs principaux que sont O2 Téléfonica, Vodafone et T-mobile est faussée, voire inexistante. C’est la principale conclusion d’une étude sur la situation du marché de la téléphonie mobile réalisée par le Centre d’information (Informační institut), une organisation non gouvernementale dont l’action est centrée sur la réalisation d’enquêtes indépendantes sur la situation politique et économique du pays. A l’appui d’une étude réalisée par l’OCDE, le directeur du Centre d’information, Petr Cibulka, signale les conséquences pour les usagers de la concurrence faussée entre les trois opérateurs :

« Les appels en République tchèque sont les plus chers des pays industrialisés. Selon les chiffres de l’OCDE, ils sont 78% plus chers que la moyenne de ces pays. »

L’étude du marché de la téléphonie mobile montre en outre que si les prix des appels sont parmi les plus élevés des pays de l’OCDE, la qualité du réseau est en revanche l’une des plus mauvaises, c'est ce que signale Petr Cibulka :

Petr Cibulka
« En 2008, la République Tchèque se situe à la deuxième position en bas du tableau des investissements réalisés par les entreprises. En 2010, les investissements s’établissaient à seulement 11,3%. Les conséquences du faible niveau des investissements sont manifestent dans la couverture du réseau 3G. Si l’on regarde la carte de l’OCDE, la République tchèque a la plus mauvaise couverture d’Europe. Sur la carte, on observe que la Biélorussie a sans doute un réseau un peu meilleur que le notre. »

Il va de soit que les opérateurs s’efforcent d’augmenter leurs profits par tous les moyens. Il revient, selon Petr Cibulka, aux autorités de régulation du marché de faire leur travail en faisant, d’une part, pression sur les opérateurs afin que ces derniers se plient aux lois de la concurrence et, d’autre part, en créant les conditions nécessaires à l’introduction d’un nouveau concurrent. Selon l’étude du Centre d’information, le principal responsable de la situation est le Bureau tchèque des télécommunications (ČTÚ) qui ne remplirait pas pleinement ses fonctions de régulateurs des prix du marché. Son porte-parole, František Malina, reconnaît que les prix des appels pourraient être plus bas. Il récuse toutefois les chiffres avancés par le Centre d’information:

František Malina
« Le Bureau tchèque des télécommunications n’a jamais prétendu et ne prétend pas que les prix des appels en République tchèque sont bas. Sur le plan d’une comparaison internationale, les prix sont plus élevés que dans certains autres pays. Il n’est cependant pas vrai que la République tchèque a les prix les plus élevés des pays industrialisés, les résultats de l’enquête de l’OCDE ne prennent pas en compte toutes les offres des opérateurs. »

Il n’en reste pas moins que les trois opérateurs présents dans le pays engrangent des bénéfices records ; ce qui illustre, selon Petr Cibulka, à quel point les règles de la concurrence sont faussées :

« Si nous regardons l’entreprise T-mobile qui est présente dans de nombreux pays, en 2011, le groupe a enregistré en République tchèque des marges de 46,6 %. Après la Croatie, ces résultats sont les plus importants réalisés par le groupe. En 2010, nous étions en première position avec 47% de marge. Le second opérateur O2 enregistre également des résultats impressionnants avec près de 45% de marge ; ce qui est incroyable si l’on compare ses chiffres avec ceux des pays où la concurrence est effective comme le Royaume-Uni. L’observation de ces résultats montre que les opérateurs ne se concurrencent pas vraiment. »

Et d’ajouter que même dans le commerce de la drogue les marges ne sont pas aussi importantes. En Allemagne, en Autriche ou au Royaume-Uni, les marges des opérateurs se situent autour de 25%. Une situation similaire à celle de la République tchèque était observable en France avant que l’arrivée en début d’année d’un quatrième opérateur bouleverse l’ordre concurrentiel des opérateurs traditionnels ; tirant vers le bas le coût des appels.