Le daguerréotype de Kynžvart inscrit au registre Mémoire du monde de l’UNESCO

Le daguerréotype de Kynžvart

Trois nouvelles collections documentaires de République tchèque ont été récemment inscrites au registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO, un programme qui vise à la préservation du patrimoine documentaire mondial. Il s'agit du daguerréotype du château de Kynžvart, des archives du compositeur Leoš Janáček et d'une collection du cartographe Giovanni Camocio. Ces nouvelles collections portent à huit le nombre d’inscriptions tchèques sur le registre fondé en 1992.

Le daguerréotype de Kynžvart
C’est un exemplaire rarissime du daguerréotype, un procédé photographique mis au point en 1839 par l’inventeur et artiste français Louis Jacques Mandé Daguerre qui a permis, pour la première fois, de fixer les images à l'aide d'eau chaude saturée en sel marin. Il existe une dizaine de ces daguerréotypes à travers le monde, dont un qui se trouvait à l’origine au château de Kynžvart, en Bohême de l’Ouest.

Ce daguerréotype particulièrement bien conservé, qui représente l’atelier de son auteur, est non seulement muni d’un cadre original en bois de mélèze, mais il a aussi et surtout été dédicacé par Louis Daguerre. Autant d’éléments qui font la valeur exceptionnelle de cette œuvre reconnue par l’UNESCO. Hynek Stříteský, du Musée national technique, explique comment ce daguerréotype précieux s’est retrouvé sur le territoire tchèque :

« Ce daguerréotype a été créé par Louis Daguerre en personne, en 1839. Avant même de présenter le principe de cette technique au public, il a offert l’œuvre en question au chancelier autrichien Metternich qui faisait alors partie des hommes politiques les plus influents d'Europe. Le daguerréotype porte une dédicace de Louis Daguerre et aussi, au verso, un mot de remerciement de Metternich qui témoigne de l’importance qu’il accordait à cette œuvre. »

Château de Kynžvart,  photo: Karelj
Une œuvre que le chancelier autrichien conservait dans son cabinet de curiosités, situé au château de Kynžvart, qui lui servait de résidence d’été. C’est dans ce château que le daguerréotype a été découvert, dans les années 1960, par le photographe et historien Rudolf Skopec. Les conditions de conservation de l’œuvre étant inappropriées au château, le photographe l’a gardé chez lui pendant une quinzaine d’années.

Conservée actuellement au Musée technique de Prague, le daguerréotype devrait être de retour au château de Kynžvart à compter de 2021.

Depuis peu, ce sont aussi les archives de Leoš Janáček qui figurent au registre Mémoire du monde de l’UNESCO. Des archives qui se trouvent actuellement à Brno, en Moravie du Sud, et qui étonnent par leur richesse et leur complexité. On écoute Jiří Zahrádka, conservateur de la collection :

Leoš Janáček | Source: public domain
« Nous disposons de 95% de l’héritage documentaire de Janáček. La collection comprend les manuscrits de ses compositions et livrets, ses documents, sa correspondance qui compte plus de 14 000 exemplaires et où l’on trouve des lettres qui lui ont été adressées par Gustav Mahler, T. G. Masaryk ou encore par de grands chefs d’orchestre de l’époque. Ces archives sont utilisées non seulement par des musicologues, mais aussi par des psychologues et sociologues. »

Enfin, la République tchèque et Malte ont réussi à faire inscrire au registre Mémoire du monde une collection du cartographe Giovanni Francesco Camocio, dont une partie a été retrouvée en Tchéquie. Ces cartes sont une chronique visuelle du célèbre Grand siège de Malte de 1556.