Jenůfa, un des opéras tchèques les plus appréciés dans le monde

'Jenůfa'

120 ans se seront écoulés, le 21 janvier, depuis la première de l’opéra Jenůfa (Její pastorkyňa, en tchèque), l’œuvre lyrique la plus connue de Leoš Janáček. A l’époque, l’événement avait eu lieu à Brno, en Moravie du Sud.

Leoš Janáček en 1904 | Photo: Wikimedia Commons,  public domain

Le compositeur y travaillait comme pédagogue, chef d’orchestre et organiste. Le troisième opéra de Janáček, alors âgé de 50 ans, avait été très bien accueilli dans la capitale morave lors de sa première en 1904, mais douze ans auront été nécessaires pour que Jenůfa soit enfin présentée par le Théâtre national au public pragois, avec également un grand succès.

En une seule année, l’opéra y a été joué à 25 reprises, ce qui, à l'époque, représentait un véritable triomphe. Deux ans plus tard, il a été mis en scène à l’Opéra de Vienne et, en 1924, au Metropolitan Opera de New York.

Aujourd’hui joué dans sa version originale tchèque, ou plus précisément dans le dialecte de la Slovaquie morave, après que sa traduction en allemand a longtemps été privilégiée, Jenůfa fait désormais partie du répertoire des plus grands théâtres dans le monde.

Source: TIC Brno
La partition de Jenůfa par Leoš Janáček | Source: Pozdní divoch,  p. 41/Wikimedia Commons,  public domain

Son histoire se passe dans un petit village de Moravie, au XIXème siècle, où les rapports sociaux et familiaux dictent les comportements. Nous l’avons dit : en tchèque, l’œuvre s’appelle Její pastorkyňa - Sa belle-fille. La belle-fille dont il s’agit, Jenůfa, est victime des préjugés de son entourage et des prétentions de sa belle-mère, Kostelnička (Sacristine), qui, pour sauver les apparences va jusqu'à tuer l’enfant naturel de Jenůfa. Ce sujet scabreux, tiré d’une excellente pièce de théâtre de la dramaturge et romancière Gabriela Preissová (1862-1946), est encore accentué par la musique de Janáček qui lui donne la portée d’une tragédie antique, comme nous l’avait confirmé, en 2010, Marc Clémeur, à l’époque directeur de l’Opéra national du Rhin à Strasbourg :

« Beaucoup de mises en scènes des œuvres de Janáček que j’ai pu voir restaient trop dans un certain folklore tchèque. Alors que ces drames sont tellement importants ! Quand on voit la Kostelnička qui tue l’enfant dans Jenůfa, ça fait penser à Médée qui tue ses enfants. Ce sont presque des drames grecs qui dépassent un cadre de temps et de lieu », a constaté Marc Clémeur en expliquant pourquoi, il y a quelques années, l’Opéra national du Rhin avait choisi de mettre en scène non seulement Jenůfa, mais également deux autres opéras de Leoš Janáček appréciés du public international, à savoir Káťa Kabanová et L’Affaire Makropoulos.

Mais dans cette émission, c’est bien évidemment Jenůfa que nous mettons à l’honneur. Nous vous laissons apprécier un extrait.