Le festival Afrique en création souffle ses 10 bougies
Jusqu’au 27 mars, se déroule à Prague le festival Afrique en création. Un festival dont l’un des plus grands mérites est de faire connaître un continent souvent méconnu des Tchèques. L’édition 2011 d’Afrique en création est d’ailleurs un peu particulière comme l’a précisé sa fondatrice Lucie Němečková.
« Toutes les années sont spéciales, mais cette année encore un peu plus puisque nous fêtons le dixième anniversaire d’Afrique en création. Le temps passe vite : dix ans d’existence, de présence d’auteurs et artistes africains, de traductions de leurs textes, de spectacles, de lectures d’après les textes des invités. Donc la vie africaine a pas mal bougé en République tchèque pendant ces dix années. »
Pour vous, ces dix années sont-elles un bon bilan, entre le moment où vous avez commencé où la culture africaine était peu connue ici, et aujourd’hui ?
« Oui, car il y a dix ans, il n’y avait pas beaucoup de personnes capable de citer un nom d’un auteur africain contemporain. Aujourd’hui on peut dire qu’on a commencé à créer une petite bibliothèque, une collection de pièces africaines, en collaboration avec l’Institut du théâtre. »
Pour cette dixième édition d’Afrique en création, qui est une édition anniversaire, quel programme avez-vous concocté, quels sont les auteurs invités cette année ?
« Comme chaque année, nous invitons au moins un auteur africain. En collaboration avec l’Institut du théâtre on publie sa pièce. Nous organisons des lectures scéniques, des débats avec l’auteur à Prague mais aussi dans d’autres villes de province. Cette année, notre invité est Slimane Benaïssa, auteur phare de la littérature franco-algérienne. Il peut vraiment témoigner du mouvement de la littérature et du théâtre en Algérie, mais aussi de la place de la diaspora en France. C’est la première fois que nous choisissons ainsi un auteur du Maghreb car les neufs auteurs précédents venaient d’Afrique subsaharienne. Nous avons choisi de présenter une très belle pièce de Slimane Benaïssa, les Confessions d’un musulman de mauvaise foi. Elle sera traduite en tchèque par les époux Laznovsky. Une compagnie franco-tchèque va présenter des extraits de cette pièce à l’Institut français de Prague. »Et qu’en est-il des artistes d’Afrique subsaharienne ?
« Cette année, nous invitons une compagnie sénégalaise : c’est une troupe Bou-Saana qui va jouer la pièce intitulée Le destin d’un clandestin. »Un thème très actuel dans cette Europe qui ferme ses portes aux migrants…
« Oui, c’est un thème qui correspond exactement à la devise de l’édition 2011 du festival, une phrase tirée d’un texte de Kofi Kwaulé, le premier auteur invité à notre festival qui dit que l’art moderne, c’est l’art des carrefours. Cela correspond donc bien au thème des gens qui décident de partir ou de rester. C’est un thème sérieux mais qui est traité de manière humoristique. »
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