Le gouverneur de Moravie du Sud pour la sauvegarde du vignoble tchèque
A l'occasion du Comité des régions européennes à Bruxelles mardi et mercredi, Stanislav Juranek, le gouverneur de Moravie du Sud a fait pression pour que les réformes européennes prévues dans le domaine vinicole ne soient pas mises en oeuvre. L'Union européenne prévoit notamment une réduction des vignobles et une interdiction de l'ajout de sucre dans le vin.
C'est avec sa double casquette de gouverneur et de président du fonds des vignerons tchèques, que Stanislav Juranek, du parti chrétien-démocrate, est allé plaider sa cause à Bruxelles. Le gouverneur s'insurge contre une réforme qui affectera les vignobles de toute l'Union européenne et naturellement ceux de Moravie. La République tchèque possède près de 18 000 hectares de vignes dont 96 % en Moravie et produit un demi-million d'hectolitres de vin par an.
Dans son projet de réforme, l'Europe prévoit une réduction de 12 % des terrains vinicoles européens, soit 400 000 hectares de vignes qui devraient être arrachées en l'espace de cinq ans... L'objectif est de limiter la fabrication de vin de moindre qualité, mais surtout réguler l'offre qui est actuellement beaucoup trop forte par rapport à la demande en Europe. En quelque sorte, adopter une véritable économie de marché dans le domaine. Autre proposition, supprimer les aides à la distillation. Un projet inconcevable pour Stanislav Juranek, qui estime que les fonds européens devraient être employés autrement.
« Nous voulons insister pour que l'argent européen n'aille pas à l'arrachage de vignes, mais à la promotion du vin. Je pense que pour la Moravie du Sud mais aussi pour tout le pays, il est important d'avoir des moyens pour contrer la concurrence de l'Amérique du Sud, ou l'Afrique du Sud plutôt que de supprimer des terrains vinicoles. Nous avons beaucoup de soutiens auprès des pays les plus proches, la Slovaquie, l'Autriche et la Hongrie où le problème est le même. Du coup, je pense que notre action de lobbying est plutôt forte. »
La République tchèque et ses voisins tentent donc d'infléchir la réforme prévue par Bruxelles. D'autant plus que les vins des pays d'Europe centrale, moins ensoleillés que la France, l'Italie ou l'Espagne, ont besoin d'ajout de sucre. Généralement, c'est du sucre de betterave qui est utilisé. Un ajout qui est également remis en cause par l'Union européenne. Au contraire, les pays du sud de l'Europe font pression pour pouvoir adoucir le moût, c'est le vin qui n'a pas encore fermenté. Une pression qui est naturellement beaucoup plus forte de la part de ces pays puisque 80 % de la production de vin européenne provient de France, d'Italie et d'Espagne.Malgré le lobby tchèque et une levée de bouclier un peu partout en Europe, cette quatrième réforme du marché européen du vin est en passe d'être appliquée. Et alors que le vin gagne en popularité en République tchèque, les viticulteurs craignent de devoir réduire leur production.