Le gratte-ciel Bata, témoin de la gloire de la chaussure tchécoslovaque

Le gratte-ciel Bata à Zlin, photo: CTK

Trois centaines d'invités ont assisté, samedi, dans la ville de Zlin, en Moravie centrale, à la cérémonie d'ouverture du gratte-ciel Bata, dont la restauration générale a rendu à la ville son monument le plus important.

Le gratte-ciel Bata à Zlin,  photo: CTK
78 mètres, 16 étages, style géométrique et élégant, le gratte-ciel Bata étonne aujourd'hui encore par sa modernité. Construit en 1938 par l'architecte Vladimir Karfik il représentait alors non seulement le succès mondial de l'industrie de la chaussure tchèque et de la famille Bata, mais faisait aussi la fierté de l'architecture moderne tchèque. A l'époque, c'était le plus haut édifice de Tchécoslovaquie. Il abritait le centre administratif de l'usine de la chaussure Bata dont les produits se vendaient dans de nombreux pays et qui s'était fait connaître aussi par les méthodes modernes de marketing et un système social très élaboré. "C'est un énorme plaisir que cet édifice ait été restauré après tant d'années. Ce sera le symbole de la gestion honnête de la région de Zlin," a déclaré, samedi, lors de la réouverture solennelle, Tomas Bata junior. Ce vieux jeune homme de 90 ans est le fils du fondateur du groupe Bata. Il a poursuivi et développé pendant toute sa vie l'oeuvre de son père et cède aujourd'hui ses activités commerciales à ses héritiers.

Tomas Bata junior,  photo: CTK
On apprécie surtout le respect avec lequel ont été réalisés les travaux de restauration de ce monument de valeur. Au huitième étage, on retrouve les intérieurs et les boiseries de 1938, et on a restauré aussi le fameux bureau du chef, un énorme ascenseur vitré qui servait de bureau et permettait au chef de l'entreprise de surveiller ses employés à tous les étages. Seule fausse note de la cérémonie, le gratte-ciel n'a été construit en réalité ni par Tomas Bata père ni par son fils, mais par le frère du premier, Jan Antonin, qui avait pris la direction de l'entreprise après la mort de Tomas dans un accident d'avion en 1932. Après la Deuxième Guerre mondiale, Jan Antonin a été accusé de collaboration avec l'occupant allemand et ses biens ont été confisqués. Ses héritiers manquaient donc à la cérémonie de samedi dernier.

Et quel sera l'avenir du gratte-ciel restauré? L'industrie de la chaussure ayant perdu beaucoup de son importance à Zlin, l'édifice abritera le centre administratif régional et le bureau de la perception. A partir de janvier prochain, il sera donc occupé par une armée de 650 fonctionnaires.