Le Gros Bourgogne tchèque appelé à disparaître des escargotières françaises ?
L'escargot comestible se fait de plus en plus rare en République tchèque. Selon une information publiée, ce jeudi, par le quotidien Lidové noviny, le ramassage excessif et l'exportation massive, notamment en direction de la France, du succulent et recherché mollusque à coquille entraînent une diminution importante de sa population. Du coup, alors que le mois d'avril est traditionnellement synonyme de l'ouverture de la saison, le ramassage des escargots a purement et simplement été interdit dans certaines régions de République tchèque. Les fins gourmets de l'hexagone doivent-ils s'en inquiéter ?
Si les Tchèques sont depuis la nuit des temps des ramasseurs invétérés de champignons, tradition dont beaucoup d'entre-eux ont même fait un art de vivre, l'on sait en revanche plus vaguement que le ramassage des escargots ne leur est pas étranger non plus. Il leur est même, pour certains, très familier. Mais s'ils s'adonnent volontiers et de bon coeur à l'exercice, tels de véritables connaisseurs du mollusque baveux, ce n'est en aucun cas pour leur consommation personnelle ou un quelconque plaisir culinaire. Et pour cause : la simple idée d'un escargot cuisiné, et encore plus d'une escargotière débordante préparée avec un beurre persillé à l'ail, reste, pour la majorité d'entre-eux, totalement inconcevable, voire répugnante. Non, ce qui motive les Tchèques à chasser l'helix pomatia, plus connu sous le nom de Gros Bourgogne ou escargot de Bourgogne, c'est l'appat financier. Leur ramassage permet notamment aux enfants de se faire de l'argent de poche et aux personnes retraitées d'arrondir leurs fins de mois. Pourtant, les prix de vente au kilo n'ont rien de très attrayant. Ainsi, ce n'est rien moins qu'une cinquantaine de spécimens, d'un poids moyen de vingt grammes et d'une taille minimale de trois centimètres, qui sont nécessaires pour obtenir un kilo, dont le prix se situe légèrement en-dessous des 50 centimes d'euro.
Malgré cela, chaque année, une demi-tonne de mollusques est achetée, en moyenne, à la République tchèque, principalement par l'Allemagne et la France. Une activité qui, dans les contrées de Bohême et Moravie, ne remonte qu'aux années 1970, mais qui fait pourtant aujourd'hui du pays l'un des principaux fournisseurs d'escargots en Europe. Et si leur ramassage intempestif a des conséquences fatales sur la population de l'espèce, entraînant même l'interdiction de l'activité dans certaines régions, que les Français se rassurent : leurs assiettes ne devraient pas rester vides pour autant. Le ramassage du Gros Bourgogne ne tend en effet qu'à être mieux organisé et régulé pour qu'à l'avenir, la dolente créature continue à en baver et les gourmets, eux, à saliver.