Le légendaire coureur cycliste Jan Vesely est mort

Jan Vesely - mai 1952, photo: CTK

C'est une figure légendaire de l'histoire du sport tchécoslovaque qui s'est éteinte ce lundi. Le champion cycliste Jan Vesely, vainqueur, entre autres, de la Course de la Paix en 1949, est décédé, à 79 ans, après un long séjour dans le service cancérologique d'un hôpital pragois. Jan Vesely possédait l'un des plus beaux palmarès des cyclistes qui ont sillonné les routes situées à l'est de l'ancien rideau de fer. Portrait...

Jan Vesely - mai 1952,  photo: CTK
C'est un champion hors du temps, mais aussi un représentant d'un sport d'un autre temps qui s'en est allé ce lundi 10 février : Jan Vesely, l'un des sportifs les plus populaires de la défunte Tchécoslovaquie. Vainqueur, en 1949, avec une avance record de 12 minutes, de la course la plus prestigieuse organisée dans l'ancien bloc communiste, la Course de la Paix, Vesely n'enleva, tout au long de sa carrière, pas moins de 16 étapes de la même épreuve. Il fut aussi sacré 26 fois champion de Tchécoslovaquie, et ce tant sur route, que sur piste ou en cyclo-cross. Malheureusement, à ses heures de gloire, Vesely n'eut jamais l'occasion de prendre le départ d'un Tour, d'un Giro ou d'une Vuelta et de se frotter ainsi aux Coppi, Bobet, Kubler et Koblet qui dominaient le cyclisme mondial à la fin des années 1940 et au début des années 50.

Né en 1923 dans un petit village de Bohême du sud, ce n'est qu'à l'âge de 14 ans que Jan Vesely monte pour la première fois sur un vélo. A l'époque apprenti boulanger à Prague, il est chargé de la tournée et de la distribution du pain à travers la ville. A 16 ans, c'est les bras tendus vers le ciel qu'il franchit la ligne d'arrivée de la Course des apprentis boulangers. Une victoire qui marque le point de départ de sa glorieuse carrière. Et si la Deuxième guerre mondiale met celle-ci entre parenthèses le temps de quelques années, dès 1945, au lendemain de la Libération, il remporte son premier titre de champion de Tchécoslovaquie.

Jan Vesely - avril 2002,  photo: CTK
Mais Jan Vesely était aussi un homme que le destin n'aura pas épargné. Très vite ainsi, la politique se mit à jouer un rôle néfaste dans sa carrière. Tout d'abord en 1948, quand les cyclistes tchécoslovaques, dont Vesely, alors au sommet de sa forme, sont interdits de participation aux Jeux olympiques de Londres. Puis enfin, en 1957, lorsqu'il abandonne, blessé au dos, la Course de la Paix et l'étape menant le peloton sur Berlin-est. Les fonctionnaires communistes, qui considèrent son abandon comme une provocation politique, l'accusent aussitôt de trahison envers la classe ouvrière et le suspendent de toute compétition pour deux ans. A 34 ans, cette sanction signifie la fin de la carrière d'un homme perçu comme la brebis galeuse du sport tchécoslovaque. Il fallut attendre 1968 pour le voir réhabiliter auprès du régime, mais jamais, Jan Vesely ne revint à ses premières amours, ni comme coureur, ni comme entraîneur. Malgré cela, Vesely resta un homme dont le sourire et l'éternelle bonne humeur furent toujours hautement estimés. Son amitié de longue date avec le couple Zatopek en est sans doute le témoignage le plus probant.