Le litige concernant la propriété de la cathédrale Saint-Guy va continuer

Cathédrale Saint-Guy, photo: CTK
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La cathédrale Saint-Guy, l'un des symboles de l'Etat tchèque, un symbole de sa capitale Prague, est, depuis l'instauration de la République tchèque indépendante, l'objet d'un important litige entre l'Etat et l'Eglise. L'histoire de ce sanctuaire, bijou de l'art gothique pragois, est longue : sa construction a duré 700 ans !

Cathédrale Saint-Guy,  photo: CTK
Elle a commencé avec la pose de la première pierre, par l'archevêque de Prague, Arnost de Pardubice, le 21 novembre 1344. Le roi Jean de Luxembourg et ses deux fils, Charles et Jean, étaient présents. Trois ans plus tard, l'aîné devenu Charles IV y était couronné. Pourtant, la cathédrale n'a été inaugurée que le 29 septembre 1929 ! Après la prise du pouvoir par les communistes en 1948, le clergé tchèque a vécu la persécution. La cathédrale Saint-Guy est devenue la propriété de l'Etat et son administration a été confiée au Bureau du président de la République. Au mois de décembre de la même année, la cathédrale était proclamée « propriété de tout le peuple tchécoslovaque ». Cette décision du régime totalitaire est justement contestée par la justice contemporaine. En effet, le terme « propriété du peuple tchécoslovaque » n'a aucune valeur juridique selon les experts et cela voudrait donc dire que la cathédrale Saint-Guy a toujours appartenu à l'Eglise catholique tchèque. La présidente de la cour de Prague 1, Libuse Fritzova, comme dans un verdict rendu en 1994 déjà à l'issue d'un précédent procès entre l'Etat et l'Eglise, a reconnu que la décision du régime communiste adjugeant la propriété de la cathédrale à « tout le peuple » ne pouvait signifier qu'elle appartenait à l'Etat. Libuse Fritzova a cité le verdict de la Cour constitutionnelle qui avait traité l'affaire en 1999 : « L'objectif du régime communiste était d'exproprier l'Eglise. Cela a été réalisé d'une manière tellement incongrue que l'objectif n'a pas été atteint ». Pour la justice donc, la cathédrale Saint-Guy appartenait et appartient toujours à l'Eglise.

Le verdict de la cour de Prague a été accueilli avec satisfaction par l'archevêque de Prague, le cardinal Miloslav Vlk. Pourtant, ce n'est pas la fin de l'affaire, car l'Etat, concrètement l'Administration du Château de Prague, compte faire appel. Si la cathédrale Saint-Guy était définitivement reconnue comme bien de l'Eglise, qu'est-ce que cela changerait pour les visiteurs ? Le cardinal Miloslav Vlk :

Cardinal Miloslav Vlk
« Nous nous occuperons probablement du service de visite, afin que ce soient des personnes qui ont de véritables relations avec l'Eglise. Ensuite, nous voudrions augmenter, non pas le prix du billet d'entrée, mais le niveau culturel des touristes qui viennent visiter la cathédrale. »

Le verdict rendu par la justice tchèque pourrait, d'après le cardinal Vlk, représenter un précédent en ce qui concerne la restitution des biens de l'Eglise qui revendique d'autres propriétés en dehors de la cathédrale Saint-Guy. Si l'Etat ne fait pas preuve de bonne volonté politique, l'Eglise catholique tchèque est prête à se lancer dans la voie des procès, même en portant plainte à la Cour internationale de Strasbourg. Rappelons qu'en République tchèque, l'Eglise n'est pas séparée de l'Etat, ce qui cause aussi de nombreux problèmes.