Le message « dostalien » ? Un message humaniste...

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L'hymne national tchèque, interprété par le choeur du Théâtre national de Prague, a clôturé, jeudi à midi, les funérailles nationales du ministre tchèque de la Culture, Pavel Dostal. Il est décédé le dimanche 24 juillet, à l'âge de 62 ans, à l'Institut d'oncologie de Brno où il a subi, pendant presque un an, un traitement contre le cancer.

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L'ancien président Vaclav Havel, les ex-Premiers ministres Milos Zeman, Vladimir Spidla et Stanislav Gross, le gouvernement au grand complet et, bien sûr, des artistes : acteurs, cinéastes, musiciens, plasticiens... Ils ont tous rempli le parterre du Théâtre national pour l'ultime adieu à Pavel Dostal, homme de théâtre, député social-démocrate et, pendant sept ans, ministre de la Culture. Un homme politique aimé des gens et, plus rare encore, de ses adversaires politiques, comme l'a souligné le président de la République Vaclav Klaus :

« Il avait le don de ne pas oublier que la politique n'est qu'une partie de l'existence humaine, tellement compliquée et complexe », a dit le chef de l'Etat. Le souvenir que ses collègues et amis gardent de Pavel Dostal est celui d'un Morave bon vivant, représentant la remarquable génération artistique des années 60 profondément emprunte de liberté - valeur qui a été la sienne durant toute sa vie, en politique comme en art, avant et après 1989. Le comédien Tomas Töpfer s'est souvenu de Pavel Dostal dramaturge et metteur en scène :

« Nous savons tous que chaque comédie a d'abord une première et, aussi appréciée soit-elle par le public, aussi sa dernière représentation. Ensuite, le spectacle ne vit plus que dans la mémoire des spectateurs. Pavel était un spectateur assidu : il allait dans tous les théâtres du pays. Le fait d'occuper une fonction politique importante ne l'a pas empêché d'être au courant de tout ce qui se passait dans l'univers théâtral. Au théâtre, il était comme chez lui, parmi nous, les comédiens, il était comme parmi les siens. »

Pavel Dostal  (janvier 2004),  photo: CTK
Pour le chef du gouvernement Jiri Paroubek, comme pour beaucoup d'autres, Pavel Dostal était avant tout un humaniste. Un homme au grand coeur qui battait du côté des idées sociales-démocrates. Un « poète maudit » de notre époque, un révolté, un rebelle, qui prenait un énorme plaisir à discuter. Mais pas en tant qu'intellectuel de gauche élitiste, mais en tant qu'homme au tempérament de feu qui défendait honnêtement ses idées et positions. Jiri Paroubek en a rappelé quelques-unes : le rejet du nationalisme, le respect vis-à-vis de toutes les cultures tout en restant profondément européen. Et un grand défenseur de la démocratie parlementaire, ajouta le président de la Chambre des députés, Lubomir Zaoralek rappelant que Pavel Dostal se rangeait parmi les députés les plus actifs sur un sol parlementaire qu'il aura quitté quelques semaines seulement avant sa mort. On écoute le Premier ministre Jiri Paroubek :

« Je me demande quel est le message 'dostalien', son legs, si vous voulez, adressé à nous qui continuons à vivre. C'est avant tout un message humaniste. Dans ce monde compliqué, empreint d'un vocabulaire politique explosif, de nationalisme, racisme, fondamentalisme et, enfin, baigné dans le sang du terrorisme, au milieu de tout cela, la confession humaniste de Pavel Dostal se révèle comme le plus grand cadeau que nous ayons pu recevoir. Un cadeau, mais aussi un engagement. »

Auteur: Magdalena Segertová
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