Le Musée national de Prague expose le piano de Mozart
C'est sous la coupole du Panthéon du Musée national que les Pragois peuvent voir, ces jours-ci, un instrument unique. Le piano-forte qui y est exposé est, certes, un bel exemple du travail de facteurs de piano de la seconde moitié du XVIIIe siècle mais ce n'est pas ce qui attire les visiteurs. Ils se figent devant l'instrument avec un respect quasi religieux parce qu'il a été touché par les doigts du divin Mozart.
Il y a 220 ans de cela, un public trié sur le volet a assisté à Prague à un concert unique dont l'éclat était rehaussé par la présence de Mozart. Le célèbre Viennois y jouait d'un piano-forte, ou si vous préférez d'un hammerklavier, l'ancêtre des pianos actuels. L'instrument avait été fabriqué probablement en 1785 environ par Franz Xaver Christoph, un des meilleurs facteurs de son temps. Dagmar Fialova, directrice du Musée tchèque de Musique, évoque les circonstances de ce concert mémorable :
« C'est lors de sa première visite à Prague, en janvier 1787, que Mozart a joué de ce piano-forte. C'était une production publique dans le Foyer des femmes nobles dans la Nouvelle ville de Prague. Mozart y a accompagné au piano le chant de la jeune comtesse Louise de Sternberg. Cet événement est évoqué d'ailleurs par une plaque qui a été apposée sur le piano plus tard, à l'époque romantique. Le piano-forte appartenait à la famille Thun et le Musée national de Prague l'a acquis dans les années 1950. Mais l'instrument se dégradait progressivement et, en 2006, il a été restauré grâce à l'institut Da Ponte de Vienne. La restauration a été réalisée par Albrecht Czernin avec la supervision d'Alfons Huber. L'authenticité de cet instrument est exceptionnelle ; par exemple, la majorité des cordes originales se sont conservées. »
Comparé à un autre piano-forte touché par Mozart, celui de Salzbourg, l'instrument de Prague se distingue donc surtout par son authenticité. Sa mécanique est cependant fragile et le piano doit être accordé toutes les quinze minutes. Il ne peut donc pas être utilisé pour de longues productions musicales. Sa tessiture est de cinq octaves et ses touches serties de nacre sont agrémentées d'ornements noirs. Mais ce qui est le plus important, c'est sa sonorité. Grâce à sa restauration, le piano qui n'était plus depuis longtemps qu'un objet muet, a retrouvé sa sonorité authentique, sa voix, son âme.