Le naufrage du "Koursk" et les médias tchèques

Il faut se rendre à l'évidence. Pas un seul membre de l'équipage n'a survécu au naufrage du sous-marin russe "Koursk" dans la mer de Barents. La presse tchèque réagit à ce triste événement. Vaclav Richter.

Comme partout dans le monde, les journalistes tchèques s'interrogent sur les causes de la catastrophe et critiquent l'attitude du gouvernement et de l'armée russes vis-à-vis des opérations de sauvetage. Le commentateur du journal Lidove noviny, Petr Fischer, s'indigne de l'hypocrisie des milieux officiels qui ne cessent de présenter de nouvelles théories sur les origines de la catastrophe sans reconnaître leur part des responsabilités de la mort de 118 marins. "Un triste tableau qui semble dire que la tragédie du "Koursk" n'est pas près de finir, remarque-t-il. La catharsis ne vient pas, au contraire l'historie se complique par d'autres intrigues faites de toutes pièces et la mort cruelle des marins s'efface rapidement dans ce vacarme tragique. Taisez-vous, au moins un instant!"

Vladimir Kucera dans le journal Mlada fronta Dnes s'en prend au Président Poutine et constate que l'espoir que ce nouveau Président améliorera la situation en Russie a été déçu. Il compare la situation d'aujourd'hui à celle de 1968, lorsque les armées du Pacte de Varsovie ont envahi la Tchécoslovaquie et constate: "Cela fait 32 ans. Brejnev n'est plus, l'URSS n'existe plus. En Russie, il y a l'économie de marché et même "glasnost". Et qu'est-ce qu'on voit? Toujours le manque de respect pour la vie humaine. Et même le mépris de la vie."

Par contre le commentateur du journal Mlada fronta Dnes, Milan Vodicka, estime que la réaction à la catastrophe pourrait avoir certaines conséquences positives. Bien qu'il constate, lui aussi, que l'affaire a dévoilé les faiblesses de la société russe, il remarque qu'aujourd'hui les milieux officiels russes ne peuvent plus ignorer la vérité et ne peuvent plus faire taire l'opinion publique de leur pays. "Depuis 1989, lorsqu?on avait étouffé l'affaire du naufrage du sous-marin nucléaire "Komsomolets", on a fait un grand pas en avant, écrit-il. Néanmoins, le gouvernement russe n'en finit pas d'apprendre ce que signifient les notions comme la transparence, la confiance et l'humanisme." Quant au Président tchèque Vaclav Havel, il a adressé un télégramme de condoléances à son homologue russe. Dans le télégramme le Président Havel a rendu hommage aux victimes de la catastrophe et s'est déclaré affligé par l'échec des opérations de sauvetage.