Le Noël tchèque commence le jour de la générosité du petit Jésus

Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Les fêtes de Noël – Vánoční svátky, sont certes déjà de l’histoire ancienne pour cette année, il n’en demeure qu’elles restent pour nous l’occasion de revenir sur quelques mots de la langue tchèque qui symbolisent Noël.

Pour les Tchèques, les fêtes de Noël - Vánoce, commencent donc le 24 décembre bien avant minuit - půlnoc, et la naissance de l'enfant Jésus - Ježíšek. Attention, la langue tchèque est riche d'une quantité de diminutifs. Ainsi, alors que Jésus l'adulte se dit Ježíš, l'enfant Jésus devient Ježíšek, soit littéralement le petit Jésus. A noter que c’est d’ailleurs ce petit Jésus qui apporte, le 24 au soir, les cadeaux aux enfants tchèques, et non pas le Père Noël comme dans de nombreux autres pays dans le monde. Un thème que nous avions d’ailleurs évoqué sur Radio Prague il y a quelque temps de cela. Cette veille de Noël s’appelle « štědrý den ». Traduit littéralement, en français, « štědrý » signifie généreux, et « den » - « jour » ou « journée ». « Štědrý den » serait donc une journée généreuse pour les Tchèques, probablement du fait de la distribution des cadeaux.

Le mot tchèque « Vánoce » tire, lui, son origine de l'allemand « Weichnacht », ou plus précisément de « wînnahten » en vieil allemand. Il s'agit là d'un mot relativement ancien puisque le dictionnaire étymologique de la langue tchèque précise que les ancêtres des Tchèques l'adoptèrent avant même l'arrivée, probablement en 863, des frères Cyrille et Méthode venus depuis Thessalonique évangéliser ce qui était alors le royaume de Grande Moravie. Traduit littéralement, il s'agit donc de la « sainte nuit », « wîch » signifiant « saint » en vieil allemand.

A noter également que ce que les Tchèques appellent « vánočka », à savoir la brioche de Noël, est en fait l'assemblable de deux mots : « vánoční » et « houska ». Le premier d'entre eux - « vánoční », est un adjectif qui signifie « de Noël », tandis que le second désigne un petit pain. La brioche de Noël, qui prend la forme d'une natte et fait partie des plus anciennes pâtisseries puisqu'elle remonte au Moyen-Âge, était donc à l'origine un « petit pain de Noël ». Une découverte qui n'est pas inintéressante car les maîtresses de maison tchèques préparent la « vánočka » uniquement ou presque à l'occasion de Noël. Et si sa recette ne différencie guère, du moins pour ce qui est des ingrédients de base, de celles que l'on trouve dans d'autres pays, en revanche on constate que l'étymologie est complètement différente puisque en français, « brioche », qui remonte au début du XVe siècle, serait un dérivé du mot « brier », la forme ancienne du verbe « broyer » en normand, employé à l'époque dans le sens de « pétrir la pâte avec un rouleau ». Bref une origine qui n'a rien à voir, à la différence du tchèque donc, avec la fête célébrée par les chrétiens en commémoration de la naissance du Christ.

Enfin, parmi toutes les expressions sur le thème de Noël que nous avons déjà citées dans cette émission les années précédentes, rappelons en une plus particulièrement, très belle, selon laquelle quelqu'un « a Bethléem à la maison » - « mít doma betlém ». Une formule qui indique que le quelqu'un ou plutôt le couple en question a beaucoup d'enfants chez lui. Mais une expression qui vaut surtout la peine d'être relevée pour expliquer que dans le langage parlé, les Tchèques emploient souvent le mot « betlém » pour désigner la crèche dans laquelle l'enfant Jésus fut placé à sa naissance, dans une étable de Bethléem. Précisons tout de même encore que la langue tchèque possède également le mot « jesličky », soit « petite crèche », pour désigner la crèche de Noël. « Jesličky » est en fait un diminutif de « jesle » - « crèche » ou « pouponnière », à savoir l'établissement recevant la journée des enfants de moins de trois ans. Bref, « avoir Bethléem à la maison » signifie avoir beaucoup d'enfants en bas âge chez soi.

C’est donc sur cette expression qui nous confirme, si besoin en était, que Noël est bien une fête de la famille et pour les enfants que se referme ce « Tchèque du bout de la langue ». En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine pour la première émission de l’année 2009, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, joyeux Noël bien entendu – Veselé Vánoce, salut et à bientôt – zatím ahoj !