Le nouveau président de la Slovaquie, peu connu des Tchèques
Les Slovaques ont élu leur nouveau président dimanche en la personne d’Andrej Kiska, riche homme d’affaires qui, avec plus de 420 000 voix de différence, a largement devancé son rival, l’actuel Premier ministre Robert Fico. Pour la presse slovaque, ce résultat marque une défaite considérable dans la carrière politique de ce dernier. Mais quelles sont les réactions chez le voisin tchèque ?
« Je veux seulement dire que ce j’accomplirai ce que j’ai promis. J’ai promis que j’allais être le président de tous les citoyens et que j’allais les unir et les motiver. La Slovaquie est un pays de gens extraordinaires. Nous avons un pays incroyable et il n’appartient qu’à nous de décider de quelle façon nous allons en tirer profit, afin que nous soyons fiers de notre pays, que les jeunes gens aient envie d’y vivre et que nous nous y sentions bien. »
Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek s’est exprimé quelques peu après l’annonce des résultats : « C’est un choix qui marque un certain changement sur la scène politique slovaque. Je suis toutefois persuadé que cela n’aura pas d’impact essentiel sur les relations intensives et régulières que nous entretenons avec notre voisin le plus proche. »
Toutefois, pour certains politologues, Robert Fico, détient néanmoins une position non négligeable et pourrait encore mélanger la donne avec son parti politique Smer lors des prochaines élections législatives. Pour les sociaux-démocrates tchèques et le président de la République, Miloš Zeman, le principal partenaire était Robert Fico Si le chef de l’Etat l’a lui-même ouvertement soutenu, c’est peut-être bien parce qu’Andrej Kiska est inconnu du grand public, Le directeur du département en chargé des affaires étrangères du Château de Prague, Hynek Kmoníček, a précisé à ce propos :
« Nous ne connaissons pas ses priorités, nous ne savons pas de quelle façon il va se comporter à l’égard du nouvel-ancien Premier ministre slovaque. Evidemment, la question qui se pose est de savoir de quelle manière le président va délimiter son espace personnel. Ce sera très intéressant à observer. »C’est à la mi-juin qu’Andrej Kiska, homme d’affaires sans expérience politique mais qui souhaite également humaniser la scène politique slovaque, remplacera l’actuel président Ivan Gašparovič, et seul le temps permettra de savoir de quelle façon les deux rivaux, l’actuel Premier ministre et le nouveau président slovaques, s’entendront. Les Slovaques ont élu leur président peut-être bien pour son pragmatisme, mais aussi pour manifester leur désaccord avec la politique menée par l’actuel Premier ministre. A l’heure actuelle, le plus grand problème en Slovaquie est la hausse du taux de chômage, qui est passé de 8% en 2008 à près de 14% en 2013. Pour Lubomír Kopeček, politologue de la faculté des sciences sociales de l’Université Masaryk de Brno, les résultats peuvent être interprétés comme un vote de censure à l’égard de l’actuel gouvernement. Lubomír Kopeček a déclaré quant à la défaite de Robert Fico :
« La Slovaquie se trouve en plein milieu d’un cycle électoral. Les électeurs perçoivent ainsi la situation actuelle à travers le gouvernement de l’actuel Premier ministre, Robert Fico. La Slovaquie enregistre un taux de chômage de 14%, qui ne baisse malheureusement pas ces dernières années. Les Slovaques sont confrontés également à une certaine stagnation des salaires. Avec l’arrivée au pouvoir de Robert Fico, certaines attentes n’ont pas été remplies. A l’heure actuelle, le gouvernement slovaque est en train de vivre une mauvaise période en termes de confiance. Si je compare la situation avec celle en République tchèque, il s’agirait d’une période similaire à celle vécue par le gouvernement de Petr Nečas à partir de la moitié de sa gouvernance, c’est-à-dire à partir de 2012, lorsque la confiance à son égard a rapidement chuté. »
Un vote de censure a également été prononcé à l’encontre de Robert Fico, par crainte du basculement d’un régime parlementaire vers un régime présidentiel. Toutefois, pour la presse étrangère, les Slovaques auraient choisi un président sans forcément connaître sa véritable identité. Le premier voyage officiel du nouveau président slovaque Andrej Kiska, qui devient le premier président depuis 1993, date de la scission de la Tchécoslovaquie, à ne pas avoir un passé communiste, se fera, comme de tradition, en République tchèque.