Le Pen Club tchèque a soufflé ses 85 bougies

Le 15 février, le centre tchèque du Pen Club a soufflé ses 85 bougies. L’occasion de revenir sur l’histoire de cette organisation littéraire dans le pays, une histoire mouvementée, mais aussi sur les nouveaux défis du Pen Club depuis la révolution de velours. Le parolier et musicien Jiří Dědeček, président du Pen Club tchèque, en rappelle tout d’abord les premières heures.

Jiří Dědeček
« A l’époque, en 1925, quelques écrivains tchèques se sont réunis, avec à leur tête Karel Čapek. Je devrais peut-être préciser qu’ils étaient environ 40-45. Ils ont décidé de créer le centre tchèque du Pen International. Le centre tchèque a été le cinquième ou le sixième du genre dans le monde. Avec Karel Čapek, il a très bien fonctionné jusqu’en 1938, au moment des prémices de la Deuxième Guerre mondiale pour les Tchèques. Čapek a quitté le poste de président, qu’il a cédé à Anna Maria Tilschová. »

Sur les 85 ans d’existence du Pen Club tchèque, il y a des dizaines d’années d’existence non-officielle, souterraine...

« Nous sommes le centre tchèque du Pen International et notre centre se trouve à Londres. Il est donc impossible, législativement, d’interdire une organisation dont le centre n’est pas dans le pays en question. Le centre tchèque n’a jamais été inexistant. Il existe un terme spécifique au sein du Pen International, on appelle les centres qui ne peuvent pas travailler pour diverses raisons des centres dormants. Le centre tchèque a passé la période du nazisme en tant que centre dormant ainsi que la période communiste, avec une exception autour de 1937-1968. Le Pen s’est réveillé, et il a existé de manière assez libre pendant le Printemps de Prague sous la présidence d’Adolf Hoffmeister. »

Quel est le rôle du Pen Club tchèque aujourd’hui ?

« Il y a des gens qui estiment que c’est une organisation qui n’a plus rien à dire, qui est démodée. Bien sûr que la marque ‘Pen’ est vieille, mais ça ne veut pas dire qu’elle est mauvaise. J’ai décidé de suivre la charte du Pen Club et d’aider les collègues qui sont en difficulté dans tous les pays non-démocratiques du monde. Je me rends en Ukraine, à Cuba, au Kurdistan, en Irak, je prends les adresses des hommes de lettres persécutés et je leur apporte une aide matérielle et symbolique. Je récupère par exemple un manuscrit que je rapporte en République tchèque, que je fais traduire et que nous publions au sein de la Librairie du Pen Club. Nous avons déjà publié un auteur cubain, un auteur kurde. Maintenant, nous préparons la version franco-espagnole d’un auteur cubain, Jorge Oliveira Castillo, qui est le président du Pen Club clandestin à La Havane. »

Cet ouvrage devrait sortir en mars prochain. Pour en savoir plus sur le Pen Club tchèque, une exposition est à voir dans les locaux de l’organisation, au Clementinum à Prague. Elle est visible notamment pendant les jeudis libres du Pen Club qui proposent des lectures et des rencontres d’auteurs.