Le président Václav Klaus lance un appel contre l’ingérence de l’ONU dans les conflits intérieurs de divers pays

Václav Klaus, photo: CTK

Dans son discours prononcé mardi devant l’Assemblée générale de l’ONU, le président tchèque Václav Klaus a mis en cause les succès de diverses missions internationales et d’équipes de médiateurs envoyés par l’ONU dans des régions en conflit. Le président tchèque est convaincu que ces problèmes doivent être résolus avant tout par des représentants locaux et que la communauté internationale ne doit pas imposer ses solutions aux parties belligérantes.

Václav Klaus,  photo: CTK
En parlant de divers conflits dans le monde le président a évoqué la partition de la Tchécoslovaquie en 1993. C’était, selon ses paroles, une situation émotionnellement tendue et douloureuse et pourtant les hommes politiques des deux parties étaient convaincus que le problème ne pourrait être résolu que par la voie pacifique. Et c’étaient les négociations difficiles menées exclusivement par des dirigeants tchèques et slovaques qui ont abouti, selon Václav Klaus, à un arrangement considéré encore aujourd’hui par les hommes politiques et les citoyens comme une solution positive du problème. Le président considère cette expérience comme une confirmation du fait que ce sont les représentants et les médiateurs locaux qui doivent être la force motrice des négociations et non pas des équipes de médiation internationales et d’anciennes célébrités politiques. Il applique cette idée aussi à la situation internationale actuelle :

« Soyons sincères vis-à-vis de nous-mêmes. Considérons-nous les solutions de la situation en Irak, à Chypre, au Kosovo comme une victoire de l’ONU ? Est-ce un succès ou comment faut-il évaluer ces résultats ? »

Il faut se demander toujours, selon Václav Klaus, si l’intervention de l’extérieur améliorera ou aggravera la situation en bloquant les processus spontanés qui pourraient rétablir la stabilité dans la région de conflit. Et le président de citer dans ce contexte la Syrie qui est à son avis un exemple de cette ingérence partiale de la communauté internationale dans le conflit intérieur d’un pays :

« Je n’arrive tout simplement pas à imaginer que des habitants isolés de Syrie puissent affronter l’armée gouvernementale. Comment se battraient-ils, avec quels moyens ? C’est impossible. S’ils luttent contre l’armée, ils déploient un armement lourd, et s’ils disposent d’un armement lourd, ce n’est pas un petit groupe d’habitants qui protestent. Je parlerais de la Syrie donc d’une façon un peu plus sérieuse. »

Et Václav Klaus exhorte la communauté internationale à considérer la situation en Syrie dans une perspective plus large et plus longue et à tirer leçon de la récente intervention militaire en Libye qui a démontré clairement, à son avis, qu’il n’est pas possible de parvenir à un règlement stable par la force militaire :

« Je considère comme condition du succès que l’ONU aborde ce conflit d’une façon absolument désintéressée, comme un conflit où il n’y a pas des bons et des méchants que nous désignerons d’avance. Il faut que l’ONU cherche vraiment à apporter une solution impartiale au problème existant aujourd’hui en Syrie et non pas à adopter une solution qui plairait à l’un ou à l’autre membre de la communauté internationale. »

Nous devons donc œuvrer surtout, selon Václav Klaus, pour aider les simples citoyens frappés par la situation en Syrie. La République tchèque a déjà envoyé une aide humanitaire aux Syriens qui se sont réfugiés dans les pays voisins et a créé le « Programme médical d’évacuation » pour les réfugiés syriens blessés. Et le président de promettre que la République tchèque continuera, malgré ces objections, à participer aux opérations et aux programmes d’aide humanitaire et de développement de l’ONU. Elle soutiendra également les initiatives visant à la réforme de l’ONU et du Conseil de Sécurité pour réagir à l’évolution internationale et parvenir à une représentation plus équilibrée des régions et des Etats dans cette institution.