Le projet de loi sur le logement social enterré par le gouvernement
Sollicité depuis des années par les travailleurs sociaux et prévu par le gouvernement précédent, le projet de loi sur le logement social a été enterré par le Premier ministre Andrej Babiš (ANO). Celui-ci a toutefois promis d’aider environ 65 000 familles en difficulté à accéder à un logement digne grâce à des subventions publiques confiées aux municipalités. De son côté, la ministre du Travail Jana Maláčová a déclaré la guerre aux marchands de sommeil, dans le cadre du nouveau plan de lutte contre la pauvreté.
Mais sous le gouvernement actuel, la loi régulant la question du logement social ne verra probablement pas le jour. Le Premier ministre Andrej Babiš estime qu’une telle législation n’est pas nécessaire et que la gestion du problème devrait être assurée par les communes. Cette semaine, Andrej Babiš a annoncé que l’Etat financerait la mise en œuvre de logements sociaux dès lors que ceux-ci représenteront 20 % des nouvelles habitations construites par les municipalités.
Travailleurs sociaux, spécialistes des ONG qui viennent en aide aux personnes menacées par la pauvreté, mais aussi représentants de certaines municipalités, ils sollicitent tous la mise en place d’un cadre législatif, sans lequel, affirment-ils, l’accès au logement des plus démunis ne s’améliorera pas. « Le travail social est indispensable, les investissements immobiliers, à eux seuls, n’apportent pas de solution », a déclaré l’adjoint au maire de Brno, Matěj Holan (Žít Brno).
Par ailleurs, la municipalité de Brno ne compte plus vraiment sur l’aide de l’Etat et ses initiatives portent leurs fruits : récompensé par le prix autrichien SozialMarie Awards, son projet « Housing first for families » a permis à une cinquantaine de familles à revenus modestes d’accéder à un logement permanent et d’entamer ainsi un parcours d’intégration.
Candidat du mouvement « Osmicka žije » aux élections municipales d’octobre prochain, Štěpán Ripka, de la Plateforme du logement social replace le problème dans un contexte plus large :
« Depuis plusieurs années, la Commission européenne exige que la République tchèque adopte un cadre législatif régulant le logement social. Il me semble fort probable que la Commission s’inquiète de la manière dont les subventions qu’elle accorde à la République tchèque et qu’elle pourrait encore lui octroyer, seront utilisées. »
Si son prédécesseur, la ministre social-démocrate du Travail et des Affaires sociales Michaela Marksová, n’a pas trouvé de soutien pour la loi sur le logement social à la Chambre des députés, la nouvelle ministre Jana Maláčová est tout aussi préoccupée par la lutte contre l’exclusion sociale. Lundi, la social-démocrate a présenté un premier projet d’un plan de lutte contre la pauvreté. Ce dernier contient quinze mesures concrètes qui visent notamment à combattre les marchands de sommeil. Pour cela, le ministère entend tout d’abord créer une carte des prix des loyers, mettre en place des normes hygiéniques pour prévenir la sur-occupation des logements ou encore réguler le système des allocations. Ces allocations seraient également liées à la scolarisation des enfants. Jana Maláčová :« Actuellement, les gens touchés par la pauvreté envoient leurs enfants de quinze ans au Bureau du travail pour qu’ils touchent des allocations chômage. C’est plus avantageux que si ces jeunes restaient à l’école ou allaient au travail. Il faut résoudre cette question, pour ne pas transmettre le problème aux futures générations. »
Ce nouveau plan de lutte contre la pauvreté sera désormais discuté et travaillé au sein de différents ministères, en collaboration avec les municipalités.