Presse : la présidence tchèque du Conseil de l’UE à l’épreuve de l’unité européenne
Conserver l’unité européenne par rapport à la guerre en Ukraine représente un défi majeur pour la présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne. Autre sujet traité, le faible intérêt des Tchèques à s’engager pour aller combattre en Ukraine. Le magazine s’intéressera également aux critiques émises à l’encontre de l’actuelle coalition gouvernementale et au problème du logement social en Tchéquie. Quelques remarques enfin en lien avec les menaces et le harcèlement des antivax.
L’Europe s’apprête à faire face à un hiver plus dur et plus cher que jamais. Un hiver, au début duquel la Tchéquie continuera à présider le Conseil de l’Union européenne. Un constat qui conduit le commentateur du journal Deník à estimer :
« Impossible de supposer que le président russe Vladimir Poutine se comporte rationnellement et que le gaz russe finisse par arriver en Europe conformément aux accords conclus. L’Union européenne a trouvé un consensus pour adopter des mesures de restriction. Cela dit, il va être de plus en plus difficile de maintenir son unité. Les dirigeants tchèques quant à eux ne font pas partie des politiciens européens prêts à construire une certaine paix avec la Russie afin d’obtenir un gaz meilleur marché et un hiver tranquille. Dans le cadre de la présidence tchèque, ils cherchent plutôt à rappeler à la communauté européenne l’importance que l’Ukraine ne soit pas défaite. »
Au fur et à mesure, la pression au sein de l’Union européenne en faveur d’une fin de la guerre va s’accentuer. Une évolution à laquelle il faut, se préparer selon le commentateur :
« On peut dire que la Tchéquie s’est acquittée honnêtement du premier mois de sa présidence de l’Union européenne. Mais dès que la trêve des vacances d’août sera finie, elle aura à agir vite pour proposer des solutions aux problèmes en lien avec la crise énergétique et l’approvisionnement en gaz. Ce sont effectivement des points qui décideront de la crédibilité de l’Union européenne et qui sont également étroitement liés à notre soutien à l’Ukraine. Or, on peut difficilement imaginer que les Européens, souffrant du froid et appauvris, aient envie d’aider les Ukrainiens. Une éventualité que la Tchéquie à la tête de l’Union européenne ne doit permettre à aucun prix. »
L’intérêt des Tchèques pour s’engager en Ukraine s’est affaibli
Très rares sont désormais les Tchèques qui se disent prêts à s’engager pour combattre en Ukraine. C’est ce dont fait part l’édition de ce lundi du quotidien Lidové noviny :
« Le nombe total de permissions accordées à des Tchèques pour s’engager aux côtés des Ukrainiens s’élève à 106. Mais depuis le mois de mai, le président de la République n’a signé que trois demandes en la matière. Cette baisse serait due en premier lieu au caractère particulièrement dur des combats qui se déroulent à l’heure actuelle dans le sud et dans l’est de l’Ukraine. Le fait que l’entraînement accordé aux volontaires étrangers en Ukraine qui s’avère, selon certaines informations, peu satisfaisant semble également jouer un rôle. »
Lidové noviny rapporte que les Tchèques qui se sont rendus les premiers en Ukraine, sans attendre d’autorisation officielle, souhaitaient tout simplement offrir leur aide aux Ukrainiens. Puis, on a vu croître l’intérêt d’un assez important groupe de personnes avides d’aventure pourtant dépourvues d’expérience de combat et dont quelques-uns seulement ont pu finalement partir. Les experts cités par le journal n’excluent pas la présence au sein de ce groupe de forces extrémistes et radicales. Une présence pourtant très sporadique au vu des vérifications rigoureuses menées quant au profil des candidats.
Le gouvernement sous le feu des critiques
Le parti civique démocrate (ODS), principal parti de la coalition gouvernementale, répète les mêmes vieilles erreurs, constate le journal Deník N de mardi. « Le cabinet de Petr Fiala finira-t-il, à l’instar des quatre cabinets précédemment dirigés par ce même parti, de manière prématurée ? », s’interroge dans ce contexte un de ses commentateurs :
« Depuis 1989, l’ODS s’est retrouvé à la tête de cinq gouvernements tchèques dont aucun, à l’exception du premier dirigé par Václav Klaus, n’a achevé son mandat. On aurait pu croire que sous la houlette de Petr Fiala, ce parti de droite allait tirer les leçons des précédentes erreurs. Hélas, il commence à refaire celles qui ont contribué à la chute de ses prédécesseurs. Il s’agit en premier lieu du concept idéologique de la politique qu’il pratique et qui ne lui permet pas, par exemple, en lien avec la crise actuelle, de respecter les recommandations des experts en économie. Il est tout aussi vrai que tout en s’étant débarrassé des grands ‘parrains’, l’ODS continue à subir l’influence de structures dépourvues de transparence. Une influence qui touche également le fonctionnement du gouvernement. »
Autre point mis en relief par le commentateur de Deník N, c’est la disparité entre l’électorat plutôt proeuropéen et la politique eurosceptique de l’ODS. Une des preuves, selon lui, c’est qu’au Parlement européen, le parti appartient au groupe des conservateurs et réformistes européens. « On ne saurait affirmer que le cabinet, en dépit des qualités personnelles, politiques et humaines de son chef, Petr Fiala, ne finisse pas plus tôt que prévu », signale-il.
Le logement social, un problème épineux très longtemps négligé
Le logement social demeure en Tchéquie un problème négligé, selon une note mise en ligne sur le site info.cz:
« Le logement social constitue depuis longtemps un problème épineux que les politiciens tchèques ont rarement voulu soulever. L’arrivée dans le pays de dizaines, voire de centaines de milliers de réfugiés ukrainiens a donné une nouvelle impulsion au débat sur la politique de logement. Il a confirmé que la Tchéquie ne disposait pas d’assez d’espaces disponibles, avec le soutien de l’Etat ou des municipalités, et destinés aux gens qui peinent à trouver une habitation ou se trouvant en situation de précarité. »
Le commentateur salue le fait que le gouvernement actuel a tant bien que mal réagi à la nouvelle situation en simplifiant les procédures de gestion de la construction et en débloquant les moyens financiers nécessaires.
Agir avec détermination contre le harcèlement et les menaces
L’auteur d’une note publiée dans le journal en ligne Hlídací Pes s’est étonné de ce que « l’information sur la mort de la docteure autrichienne Lisa-Marie Kellermayr qui a mis fin à ses jours après avoir été harcelée et menacée par les antivax soit passée sous les radars dans les médias tchèques ». Le cas mérite pourtant, selon lui, d’être retenu :
« Ceci est un grand avertissement. Les médecins tchèques qui défendaient publiquement la vaccination et critiquaient la stratégie de lutte du gouvernement contre la pandémie, ont eux aussi fait l’objet de menaces virtuelles et physiques de la part des adversaires des mesures anti-Covid. Le cas autrichien rappelle que la police doit intervenir contre de telles actions, car les conséquences peuvent s’avérer graves. »
Le commentateur estime qu’à l’avenir d’autres problèmes que le Covid, comme la migration ou la guerre en Ukraine, peuvent susciter un tel déferlement de haine. Des sujets qui provoquent effectivement de fortes émotions en Tchéquie également.