Le projet de stratégie anti-corruption ne fait pas l’unanimité
Le ministre tchèque de l’Intérieur Radek John du parti Affaires publiques (VV) a présenté à la presse le projet de stratégie de lutte contre la corruption. Le projet dont la réalisation serait divisée en plusieurs étapes et s’étendrait sur les deux prochaines années, relance le débat sur l’efficacité des mesures anti-corruption.
«Les anciens députés ont rendu la police complètement inoffensive. Elle ne pouvait pas procéder à des écoutes téléphoniques des personnes soupçonnées de corruption et nous savons que toutes les affaires de corruption dénoncées par les journalistes n’ont pu être dévoilées que grâce aux écoutes. Il faut donc réparer ces fautes d’anciens hommes politiques et laisser à la police les mains libres sur le plan législatif. »
Parmi les mesures envisagées il y a donc le retour aux écoutes téléphoniques ou l’introduction des tests de fiabilité pour éprouver la capacité de résistance des employés aux tentatives de corruption. Selon le ministre, la police devrait utiliser beaucoup plus souvent aussi la méthode de faux transferts de biens. Cette opération permet à la police de suivre ceux qui demandent des dessous-de-table, de leur payer la somme demandée par une personne interposée et de les arrêter aussitôt après la transaction illicite. Le ministère a aussi préparé et mis sur le web un manuel anti-corruption pour instruire le public et la police sur les différentes formes de corruption et de lutte contre ce genre de criminalité. Le projet a cependant suscité aussi des critiques dont celle de Václav Láska de l’organisation Transparency International :
« Un accent considérable est mis sur la répression, les mesures de prévention y manquent complètement. Nous estimons qu’il faut tout d’abord assurer la prévention de qualité et ce n’est qu’après qu’on peut procéder à des mesures de répression. Nous aussi, nous appuyons certaines mesures de répression mais le programme gouvernemental de lutte contre la corruption ne peut pas reposer uniquement sur la répression. »Et Václav Láska de constater que des mesures de prévention, dont les lois sur les commandes publiques et sur le service public, ne sont mentionnées dans le programme que tout a fait marginalement. Pour manifester son désaccord avec cette stratégie, l’organisation Transparency International a retiré ses représentants du groupe des conseillers du ministre de l’Intérieur.
Il semble cependant que les autres partis de la coalition gouvernementale n’entendent pas laisser ce thème explosif uniquement entre les mains du parti Affaires publiques. Le premier ministre Petr Nečas du Parti civique démocrate (ODS) souligne que la stratégie de lutte contre la corruption doit être basée sur un consensus :
« C’est une opinion qui n’a pas encore été discutée dans le cadre de la coalition. Donc toutes ces choses sont ouvertes et elles feront l’objet d’une discussion. Le projet subira encore toute une série de changements qui seront le résultat d’un compromis de coalition. Je considère la lutte contre la corruption comme la priorité fondamentale de ce gouvernement et je suis convaincu que nous arriverons à nous mettre d’accord pour pouvoir présenter un programme anti-corruption fiable. »Aucun parti politique ne manquera de se prononcer sur ce sujet car la lutte contre la corruption est aussi un des thèmes majeurs de la campagne des élections communales et sénatoriales qui auront lieu dans un mois.