Le public parisien face à l’opéra tchèque
Deux opéras tchèques figurent ces jours-ci au programme de l’Opéra national de Paris. Comme nous vous en avons déjà informé, ce lundi a eu lieu à l’Opéra Bastille la première de la Petite renarde rusée de Leoš Janáček et au Palais Garnier les Parisiens peuvent voir depuis samedi dernier La Fiancée vendue de Bedřich Smetana. Notre collègue Václav Richter qui a assisté à la première de l’opéra de Janáček et à la reprise de l’opéra de Smetana, a recueilli quelques opinions des spectateurs.
Dans l’ensemble c’étaient des opinions positives voire même élogieuses comme celle d’une spectatrice de la Petite renarde rusée qui ne cachait pas sa satisfaction :
«Je trouve la musique très belle et le thème et sa réalisation très poétiques. Alors je suis contente d’autant qu’on a assisté à un certain nombre d’opéras dans les années passés dont la mise en scène ne nous a pas plu du tout. Or, ici on trouve la mise en scène très bien. C’est une belle oeuvre complète. La musique est bien, les chanteurs sont bien. Et j’apprécie surtout cette espèce d’osmose entre le monde des animaux et le monde des hommes.»
Il était évident que pour la majorité des personnes interrogées la musique de Janáček n’était pas un monde inconnu et qu’il y avait parmi elles même de vrais connaisseurs dont un spectateur qui citait les oeuvres de ce compositeur :
«Oui, je connais déjà Katia Kabanova et l’Affaire Macropoulos. Et là je trouve avec la Petite Renarde rusée quelque chose de beaucoup plus frais, de beaucoup plus rigolo. Ca me plaît beaucoup, ça change des drames qu’on a l’habitude de voir. J’aime la musique et la scène qui est très agréable à regarder. Je vais voir aussi la Fiancée vendue de Smetana. On a déjà des places, on va la voir au mois de novembre. Je ne connais que l’ouverture de cet opéra. C’est le morceau le plus célèbre. Donc ça va être une découverte.»
«J’ai aimé la musique et l’interprétation, a dit au micro une autre connaisseuse de l’oeuvre du maître morave. J’ai moins aimé les décors et la mise en scène. Je connais bien Janáček. J’ai vu Jenufa que j’ai trouvé magnifique. Quand même mieux. Cela dit, j’aime bien aussi la Petite renarde, cela me rappelle l’enfance. Mais ce n’est pas très facile d’y rentrer, probablement. »
Mardi soir à l’Opéra Garnier, le public venu voir la Fiancée vendu semblait encore plus chaleureux. Pour la majorité c’était la première rencontre avec le chef-d’oeuvre de Smetana. Ce n’était cependant pas le cas d’une spectatrice qui s’est révélée être une habituée des grandes maisons lyriques européennes :
«Je l’ai déjà vu à Vienne et je voulais le revoir. Je trouve que c’est charmant, mais ce n’est pas tout à fait essentiel dans la vie de quelqu’un qui aime l’opéra. Je trouve que les costumes de ce soir sont plutôt pas trop mal. On a vu tellement de choses pires dans les productions de la Bastille. Oui, cela ne gène pas vraiment. C’est un peu dans le style des années 1920 et pourquoi pas. Moi j’aime assez les danses, mon ami n’aime pas les danses. Moi, j y ai trouvé deux ou trois jolies mélodies, un duo qui est très bien, un ténor qui est très bien et puis c’est très gai, voilà…»
Le public semblait apprécier la conception dépouillée du metteur en scène Gilbert Deflo qui avait modernisé la comédie lyrique de Smetana sans lui enlever son charme. C’est ce que pensait d’ailleurs un autre spectateur interrogé pendant l’entracte :
«J’aime bien l’opéra en général et quant à l’opéra tchèque, je connais surtout Janáček. Il me semble que c’est pour la première fois qu’on donne Smetana à Paris. J’avais entendu cet opéra une fois, il y a très longtemps à Salzbourg dans le petit Landes Theater, mais j’avais un peu oublié que c’était si beau. Surtout les duos du premier acte sont magnifiques, les scènes de danse et de chœur sont belles. J’aime beaucoup la direction d’orchestre quoi que ce soit une musique que je connais très peu, sauf l’ouverture qu’on connaît très bien. (…) Et justement ce qui est très bien, c’est que la mise en scène a un peu gommé tout le folklore. J’ai eu un peu peur quand j’ai vu le rideau s’ouvrir car je trouvais les couleurs très agressives. Mais après j’ai bien aimé cette espèce de stylisation des costumes et la modernisation ou si vous voulez l’actualisation de la mise en scène. C’est très simple, très facile à comprendre et très beau. »
Ajoutons que la saison tchèque à l’Opéra national de Paris se poursuivra encore au mois de mai prochain, lorsque les Parisiens pourront voir L’Affaire Macropoulos de Leoš Janáček.